Avec la collection "La BD en classe", le Syndicat national de l’édition propose des supports pédagogiques autour de thématiques précises
Aurélien Barraud ne se résume pas à ses recherches en astrophysique. C’est un intellectuel engagé, connu pour une radicalité certaine au regard des périls et de la situation de notre monde. Ce texte d’entretien est court, mais il est guidé par l’objectif de « produire du réel » en mettant l’accent sur l’importance de l’imagination pour ouvrir de nouveaux possibles.
Si le temps n’est plus aux diagnostics (établis) mais à l’action créative, l’échange avec Carole Guilbaud est aussi quand même l’occasion de rappeler (on ne résiste pas à aux citations) :
• qu’il faut être vigilent aux termes et mots et donc « … utiliser (quand il est approprié) le terme de « réfugiés » plutôt que de « migrants ». D'utiliser celui de « racisme systémique » plutôt que d’ « inclusivité insuffisante ». D'utiliser, en effet, celui de « catastrophe » plutôt que de « crise » pour référer à l'effondrement de la vie sur terre. » p 4
• et « … il est tout aussi important de ne jamais nier la spécificité et l'unicité de chaque événement majeur. Auschwitz est unique. Absolument unique. Et il y aurait une scélérate indécence à le nier. Le crime colonial est unique. L'acceptation implicite d'un système (le nôtre) dans lequel un enfant meurt de faim toutes les 5 secondes tandis que les pays riches gaspillent près d'un tiers de la production alimentaire est unique. Chaque abomination est sans équivalent, incomparable : un relativisme laxiste et nivelant serait obscène. Peut-être la barbarie est-elle universelle mais ces manifestations sont toujours spécifiques. » p 5
Et parmi les préconisations, outre les assemblées citoyennes, le besoin, plus que jamais, d’entraide et de solidarités, il en est une qui illustre le pas de côté, le changement d’angle : « Travailler la beauté est plus urgent et plus radical qu’équilibrer son bilan carbone. » p 29
Et une conclusion sur « Une question (qui) reste ouverte : un système peut-il permettre sa propre fondation en autorisant la révolution qui le récuserait ? Rien n'est moins sûr. » p31
Un livre fabuleux sur les sujets fascinants des trous noirs et de l'espace temps. Quelques certitudes, beaucoup de doutes et une grande humilité chez cet homme de savoir qu'est Aurélien Barrau. Ce qui compte c'est" l'étonnement, une interrogation envers les choses. méme si elles paraissent simples.""Ce que nous cherchons en science n'est pas la vérité absolue. Nous cherchons la meilleure explication possible à un moment donné. ". Passionnant...
« On n’apprend rien de la victoire, on n’apprend que de la défaite", disait Clemenceau. La formule pourrait résumer le thème de ce livre d’Aurélien Barrau, qui s’attache à démontrer, qu’en sciences, dans le domaine de la recherche, ce sont les épines, les îlots d’incompréhension, les énigmes , les écueils d’une théorie qui semblait l’ultime, en un mot, les anomalies, qui permettent d’avancer.
Que ce soient les trous noirs, les relations paradoxales de l’entropie et du big bang, l’énergie de certains rayons cosmiques, toute ces entorses à la mécanique bien huilée et qui souvent dépassent l’entendement, constituent un terreau fertile pour une évolution des idées et des modèles, qui sont de toutes façon faux jusque’à ce qu’un nouveau concept émerge, avec sa part provisoire de vérité.
Hormis le questionnement sur le raisonnement, qui doit toujours être remis en cause, ces réflexions débouchent sur des questions métaphysiques. Mais ce n’est pas le propos. Lors de la visioconférence, alors que l’on a demandé à Aurélien Barrau pourquoi il excluait l’existence d’un Horloger à tout ça, la réponse est claire. Il ne parlera pas de son positionnement, qui est une affaire personnelle, et considère qu’il s’agit d’une question beaucoup plus sérieuse que celle qui voudrait que la physique corroborerait l’existence de Dieu. Il confesse d’autre part que les scientistes anticléricaux l’agacent encore plus que les croyants fondamentalistes !
Pour revoir au propos de l’ouvrage, j’aime aussi cette comparaison de la réflexion humaine, limitée à ses capacités sensorielles et intellectuelles, au monde des poissons :
« Les poissons pourraient s’étonner qu’il y ait de l’eau partout dans l’univers. Mais en réalité la solution est plus simple. Là où il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de poisson pour le constater ».
Ce livre, qui aborde des problèmes complexes, et on le conçoit puisque ce sont ceux qui font cogiter la communauté scientifique, est aussi superbement écrit, et met en évidence que science et poésie sont loin d’être incompatibles.
Je remercie sincèrement Babelio et les éditions Dunod pour cette lecture, assortie d’une rencontre virtuelle passionnante, et qui m’a permis de sortir de ma zone de confort.
208 pages Dunod 7 septembre 2022
Masse critique privilégiée Babelio
Aurélien Barrau, personnage passionné et passionnant, passe en revue toutes les incertitudes qui jalonnent encore des connaissances, pourtant importantes de notre univers au travers de théories bien établies et pas encore prises en défaut. Ses interrogations légitimes sont celles d'un scientifique humble qui ne craint pas de pointer les trous de la raquette et de se poser en lanceur d'alerte sur les orientations discutables de la recherche scientifique et l'avenir de l'humanité.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Avec la collection "La BD en classe", le Syndicat national de l’édition propose des supports pédagogiques autour de thématiques précises
Découvrez les auteurs, autrices et libraires qui accompagneront le président du jury Jean-Christophe Rufin !
Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Sénèque écrit une ultime lettre, alors qu'il a été condamné à mort par celui dont il fut le précepteur, conseiller, et ami : l'empereur Néron