Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Le roman s’ouvre sur Eva, grièvement blessée qui perd son sang au fond d’une barque, scène qui va servir du fil rouge au récit qui reconstruit le parcours de la jeune femme, son arrivée au poste de santé, en compagnie de sa fille sur les conseils d’un homme, Ochoa, qui désire faire partie de sa vie.
Le poste de santé est tenu par le docteur Andrade, avec les moyens du bord, il voit passer des autochtones de l’ethnie Curripaco dénutris, mourant de faim. La pêche est devenue rare, les crues de la rivière contaminée par le mercure que déversent les chercheurs d’or, les pillages, la mainmise des éleveurs de bétail, leur terre est devenue infertile et leur civilisation en danger.
Dernièrement, alors qu’ils avaient volé trois vaches pour manger, les propriétaires ont torturé et assassiné trois de leurs membres, en prenant bien soin de les exposer pour dissuader toute autre tentative. Bref, comme je dis toujours, « là où l’homme blanc passe, la nature trépasse… »
Eva a fui une vie de débauche rythmée par l’alcool et la drogue, pour tenter de commencer une nouvelle vie en se rendant utile, aux côtés du médecin et elle accepte d’aller aider les Curripacos, leur distribuer de la nourriture, des solutés afin de les réhydrater. Elle s’embarque avec un « marin » au bord d’une Curiara, une embarcation légère, une sorte de canoë.
Mais le voyage va être compliqué, des rumeurs de découverte d’une mine d’or abondante a parcouru la région attisant les appétits, sur fond de lutte entre les FARC, les guérilleros armés, les trafiquants en tous genres. On ne s’explique qu’avec les armes, pistolets mitrailleurs, tortures…
Ce roman, qui est basé sur des évènements réels ayant eu lieu à Puerto Inirida, en Colombie, du 17au 21 novembre 1999, dépeint la violence dans ce pays miné par les exactions, les trafics de drogue et le sort réservé aux populations autochtones. Longtemps après l’avoir refermé, j’ai encore ces images de violence qui me hantent.
Le titre m’a plu car on peut évoquer différentes manifestations de ces « bêtes sauvages » et notamment la bête humaine, peut-être de loin la plus dangereuse.
C’est le premier roman d’Antonio Ungar que je lis et son style m’a plu et donné l’envie de découvrir ses autres livres.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Noir sur Blanc qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.
#Evaetlesbêtessauvages #NetGalleyFrance
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/03/09/eva-et-les-betes-sauvages-d-antonio-ungar/
Un texte court mais d'une réelle densité pour le portrait d'une femme, Eva., une jeune infirmière de Bogota et de bonne famille qui est venue s'installer dans la jungle avec sa petite fille. Parmi les bêtes sauvages, Eva choisit pourtant de risquer sa vie pour sauver les autres.
Le roman est basé sur des faits réels survenus avant le processus de paix, en novembre 1999, permettant à l'auteur de dénoncer la boucle de violence en Colombie.
L'auteur va nous raconter la vie d'Eva et sa rencontre avec des bêtes sauvages, que ce soient des narcotrafiquants, paramilitaires et guérilleros. Il nous parle aussi d'une région de Colombie, le long de l'Orénoque où on se bat pour la coca, l'or et les armes qui viennent du Venezuela voisin.
A l'image de la belle couverture du livre, édité par les éditions Noir sur Blanc, ce texte parle de violence mais avec poésie, délicatesse. Cette écriture rend les différents personnages attachants.
Un texte superbement traduit par Traduit par Robert Amutio
Evaetlesbêtessauvages #NetGalleyFrance
S'ouvre sur une image forte qui ne quittera pas le lecteur durant tout le récit : Eva, une jeune femme, grièvement blessée par balle, git dans une mare de sang au fond d'un canoë sur une rivière au fin fond de la jungle de l'Orénoque (Colombie), des vautours tournoient. Les enjeux immédiats sont clairs : va-t-elle survivre ? Comment en est-elle arrivée là ?
Antonio Ungar remonte dans le temps pour comprendre le parcours d'Eva, issue du monde privilégiée des villes, qui s'enivre dans une vie dissolue remplie de sexe, fêtes et drogue. Elle fait le choix d'une nouvelle vie en postulant comme infirmière à Inirida, port fluvial cernée de jungle amazonienne. le personnage n'est pas immédiatement attachant, très mystérieux en tout cas. On ne comprend pas ses choix, ses réactions mais on devine un fort potentiel romanesque que l'auteur révèle très intelligemment par touches.
On sent une tension sourde monter au fil du récit, on sent la menace sans trop identifier d'où elle peut venir, comme dans un thriller. Antonio Ungar excelle à mettre en scène les lieux, anthropisés ou naturels, qui semblent se resserrer autour des personnages. D'autant que le casting qui apparaît sous nos yeux est inquiétant : orpailleurs prêts à tout pour trouver un nouveau filon, narcotrafiquants contrôlant la région, guérilleros et paramilitaires en embuscade, paysans acculés par la violence et la pauvreté des montagnes, sans parler des Indiens de l'ethnie Curripaco acculés par la famine et les épidémies.
La prose est claire, percutante, sans esbroufe, direct droit au but pour construire un récit resserré et nerveux sur seulement 160 pages qui disent beaucoup de la Colombie de ses dernières années et de sa violence endémique.
Le processus de paix signée en 2016 entre le gouvernement colombien et les guérilleros des FARC ( Forces armées révolutionnaires de Colombie ) est un échec : les organisations paramilitaires impliquées dans le narcotrafic investissent les territoires autrefois occupés par les FARC et laissés à l'abandon par l'État, les surfaces destinées à la production de coca augmentent , provoquant une déforestation inédite.
Le roman est basé sur des faits réels survenus avant ce processus de paix, en novembre 1999, permettant à l'auteur de dénoncer la boucle de violence en Colombie, pays qui répète ses erreurs. Mais ce qui surprend le plus, c'est comment ce portrait dévastateur du conflit armé colombien se mue quasiment en conte sur la résilience du peuple. Eva et les bêtes sauvages est aussi, et surtout, une histoire d'amour, de maternité, d'amitié au coeur d'une tragédie qui demande aux Colombiens de résister, têtus et acharnés, à ne pas laisser les événements détruire ce à quoi ils tiennent, ce qui compte.
Prenant et édifiant.
Lu en janvier 2024
Évalué 4-5étoiles, un roman vraiment marquant.
Eva et les bêtes sauvages d’Antonio Ungar, traduit de l’espagnol (Colombie) par Robert Amutio, Les Éditions Noir sur Blanc, 2024.
Un nouveau départ : Eva, accompagnée de sa fille, Abril, a décidé de quitter Bogotá, la capitale de la Colombie, pour devenir infirmière dans la jungle de l’Orénoque, pensant qu’elle pourrait y être utile, cherchant surtout à laisser derrière elle une vie dissolue de fêtes et de drogues, une existence vide de sens.
Un contexte de guérillas, basé sur des faits réels qui se sont déroulés à Puerto Inírida en novembre 1999 : au cœur d’une ruée vers l’or, les villageois vivent dans un état de terreur permanent, affamés, pris en otages, menacés de tortures, de viol et de mort par les guérilleros et les trafiquants de drogue, pris en tenaille dans les affrontements avec les paramilitaires.
Un récit d’à peine 180 pages, court mais très dense, centré sur les souvenirs et le parcours d’Eva qui se vide de son sang au fond d’une barque à la dérive.
Des aller-retours entre passé et présent, des personnages taillés au cordeau, cabossés par la vie et la solitude, une ambiance tragique et fataliste à la García Márquez…
La Colombie, un immense pays, plein de contrastes où les hommes deviennent des bêtes sauvages.
Un roman qui m’a laissé une drôle d’impression, un forme d’amertume.
Une histoire à plusieurs clefs ou niveaux dont ni les personnages, ni les lecteurs ne vont sortir indemnes.
Un auteur vers qui je vais revenir, en VO. Tres Ataúdes blancos (Trois cercueils blancs) et Miráme (Regarde-moi) ont rejoint ma PAL…
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