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Zugzwang d’Émile Brami

Perdre ou perdre

Zugzwang d’Émile Brami

Né le 19 avril 1950 à Souk El Arba en Tunisie, Émile Brami arrive en France en 1964. Passionné par l'écrivain Louis-Ferdinand Céline, dont il publie une biographie, il est également l'auteur de plusieurs romans, dont Le Manteau de la Vierge, récompensé du prix Méditerranée en 2007.

Zugzwang, son dernier roman est un voyage dans la mémoire d'un homme, qui, comme Émile Brami, est libraire et écrivain. 
Autobiographie ou hasard ? La vérité est sans doute entre les deux. Remarquons la proximité des prénoms de l'auteur et de son héros : Élie est l'anagramme d'Émile, un M en moins.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Comme une boucle, le récit s'ouvre au moment où Maud et Élie quittent leur maison pour accompagner leur fils Raphaël dans une clinique psychiatrique, pour quelque 150 pages plus tard, se refermer quand Maud et Élie sont de retour chez eux, sans leur fils.
 
Entre ces deux moments, à la faveur de petits évènements, surgit de la mémoire d'Élie un passé qu'il relit avec ses yeux d'adulte et relie au mal-être de Raphaël. Son fils qui a calmement annoncé son intention de  mettre fin à ses jours et contre toute attente, a accepté d'être hospitalisé. "Ça m'est égal, mais si ça peut vous aider, si cela vous rassure, pourquoi pas ?(…)"
Comment en est-il arrivé là ? Il, son fils, lui. Les deux histoires si étroitement mêlées, si différentes et si semblables. 
Le récit est construit comme le cheminement d'une pensée vagabonde, qui revisite toute une vie. Comme si ces quelques heures passées à l'hôpital, en changeant le cours de l'histoire d'une famille, cherchaient à se raccrocher aux moments fondateurs de la vie.
 
Le récit  est un examen de conscience éclairé par un tsunami de souvenirs puissants : de l'enfance dans la Tunisie de Bourguiba, aux humiliations du pensionnat français, en passant par l'heureux moment de la rencontre avec Maud, ce soir de 10 mai 1981 et de victoire de Mitterrand : "Le hasard te mettait en présence de l'unique femme faite pour toi. Par une chance inouïe, tu rencontrais cet idéal inaccessible qu'avait entrevu Rimbaud."
 
Le tutoiement du narrateur qui s'adresse à Élie donne une écriture intimiste, presque auto-confessionnelle. 
 
 
Agathe Bozon
 
 
Zugzwang, Émile Brami, L’Archipel, (2012)
 

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