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Une fille, qui danse : le chef d’œuvre de Julian Barnes

Une fille, qui danse : le chef d’œuvre de Julian Barnes

 

Justement elle ne dansait pas, cette fille, elle détestait même cela. Tony, le narrateur du livre, en est sûr, si tant est que l’on puisse l’être de la fidélité de ses souvenirs. Ce que découvrira le héros, alors qu’il a déjà la soixantaine, quand son passé ressurgit à l’occasion d’un testament inattendu.

 



 

 

 

On connaît l’œuvre de Julian Barnes pour son obsession du temps et de la mémoire. Une fille, qui danse (Mercure de France), n’y déroge pas et propose une méditation sur le temps qui passe et la valeur trompeuse des souvenirs. A quoi peut-on se fier ? Quel est le rôle de la mémoire, conserver ou enfouir des faits et des émotions, repeindre la vie aux couleurs et dans la matière de la fiction avant de l’encapsuler ? Une confidence, manière de préambule au début du livre, donne la note : « Nous vivons dans le temps –il nous tient et nous façonne- mais je n’ai jamais eu l’impression de bien le comprendre ».

Tony, le narrateur, va se replonger dans ses souvenirs de lycéen, avec sa bande de trois copains, et sa petite amie Victoria qui le menait par le bout du nez : l’insouciance, jusqu’au suicide de l’un de leur camarade de classe. Une mort que choisira quelques courtes années plus tard l’un de ses amis, Adrian quand les études les ont séparés, et que Victoria, toujours elle, a préféré se lier avec le disparu. Adrian le surdoué fascine ses camarades, empressés à le séduire par des échafaudages intellectuels ambitieux. Intensément, il rappelle le Demian d’Hermann Hesse, un garçon décalé empreint de sagesse et d’une douloureuse philosophie qui le rendent sulfureux. Quarante ans plus tard, Tony fera le chemin qui le reconduira au cœur de ces années dont il croyait si bien se souvenir. Son passé s’éclairera enfin, à sa plus grande surprise … et celle aussi du lecteur. Impossible d’en dire plus, le roman est faufilé d’intrigues qui en font un polar remémoratif très séduisant.

Pour ce dix-neuvième roman, Julian Barnes a remporté en Grande-Bretagne le Man Booker Prize 2011, après avoir figuré dans les dernières listes du prix en 1980, 1990 et 2000.
Une fille, qui danse est sans doute le roman du remords, et peut être même de l’irréparable culpabilité. Il est surtout un texte magnifique, legs généreux et mélancolique d’un écrivain au sommet de son écriture.

Karine Papillaud

Une fille, qui danse, Julian Barnes, Mercure de France, (2013)

Photo@Isolde Ohlbaum

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