
Née en 1976 à Londres, Erin Kelly poursuit des études d'anglais avant de devenir journaliste free lance. En 2011, elle publie son premier roman, L'arbre au poison, qui rencontre un grand succès et est sélectionné comme l'un des meilleurs romans de l'été puis adapté à la télévision. Un feu dans la nuit, son troisième titre, la confirme et l'impose comme l'un des auteurs britanniques de thrillers les plus brillants de sa génération.
Far Barn, la maison des MacBride, accueille, le temps d'un week-end, toute la famille, venue disperser les cendres de Lydia, femme et mère tant aimée, récemment disparue.
Le père, Rowan, déjà là et inconsolable de la mort de sa femme, y attend ses enfants, qui perpétuent la tradition de la Nuit des feux de joie. Une fête où "il y aurait un immense feu de joie et une fête foraine, mais également les tonneaux de goudron enflammés…". Sophie, son mari Will et leurs quatre enfants arrivent les premiers. Tara, Matt et Jake, le fils de Tara, suivent. Les deux soeurs devisent sur leur frère, Félix, qui doit venir accompagné pour la première fois. Un choc d'autant plus grand pour la famille que Felix paraît au bras d'une brune à la beauté incendiaire, contrastant avec sa laideur : "Était-ce de l'hypersensibilité de la part de Sophie que de s'imaginer que la beauté de cette fille tournait en dérision la difformité de Félix ?"
Aussi belle que silencieuse, Kerry, prend place à la table familiale et manifeste un réel talent avec les enfants, surtout avec la petite Edie, née il y a quelques mois tandis que Lydia, la matriarche, rendait son dernier soupir.
Elle saisit chaque occasion pour s'occuper du bébé avec naturel et bienveillance. Une attitude qui pousse la fratrie à insister pour que Sophie participe à la fête et accepte la proposition de Kerry de garder Eddie et "Sophie quitta sa fille en lui soufflant un baiser." Était-ce une bonne idée ?
Alors que le roman, commence de façon assez conventionnelle, dès la découverte de la disparition de l'enfant, tout bascule par une construction du récit en roman choral.
Le suspens va alors crescendo et le thriller se double d'un drame psychologique qui transporte le lecteur dans les souvenirs d'un inconnu qui se construit… ou plutôt se déconstruit à l'occasion de différentes confrontations avec la famille MacBride, qui mène une vie bourgeoise, avec ses joies et ses drames.
Les deux dernières prises de parole, celle de Rowan le patriarche et Terry la baby-sitter d'un soir, forment un coup de théâtre magistral, signature d'un grand auteur de thriller.
Agathe Bozon