
Concrètement, qu’est devenu Adam quand il s’est fait virer du paradis ? Patrice Pluyette en donne un aperçu dans un roman qui n’a rien de biblique, mais dont l’innocence béatement rendue dans une langue impeccable invite à une délicieuse récréation littéraire.
Il était une fois une jeune fille Angélique, à l’âme bovaryste et à la jambe bien tournée qui, au hasard de sa campagne, tombe sur une beauté mâle de la nature, un Eros ou plutôt un Hercule puisque tel est son nom, qui saute nu dans les ruisseaux, converse avec les animaux et fait montre d’une énergie que son saint patron n’aurait pas renié.
Evidemment la belle se pâme et entreprend de déniaiser le bel athlète qui ne demande qu’à être enseigné. Quelques années plus tard, on retrouve le couple en croisière, dûment marié et forcément se mourant d’ennui. Las ! Hercule s’appelle Jean-Claude et préfère désormais les joies de la bouteille et de l’argent à celles du corps.
Ce qui se passe ensuite ou avant n’a, au fond, aucune importance. Tout est dans le style gouleyant d’un Pluyette au mieux de sa forme, amusé et s’amusant dans cette fantaisie trop légère et drôle pour n’être qu’honnête. Et le lecteur prend autant de joie à le suivre dans les égarements primesautiers d’un style léger et heureux, intelligent toujours et délicieusement coquin.
Les anglo-saxons Wodehouse, Jerome K. Jerome ou le McEwan de Sur la plage de Chesil, ont dû se pencher au-dessus du berceau d’Un été sur le Magnifique. Où tout finit non pas par des chansons, mais en une sorte de morale plus profonde que le texte ne le laisserait penser, qui propose la littérature comme réponse à l’absurdité des choses.
Karine Papillaud
Un été sur le Magnifique, Patrice Pluyette, Le Seuil, (2011)