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Survivre ! Survivre ! de Michel Tremblay

La saga Desrosiers touche à sa fin

Survivre ! Survivre ! de Michel Tremblay


Cabossés par les huit épisodes précédents de la « diaspora Desrosiers », les personnages de Michel Tremblay respirent un peu dans « Survivre ! Survivre ! », paru chez Actes Sud. Un court répit avant le dernier tome, annoncé pour la fin de l’année.

 


 
Le timide et ambigu Edouard, la magnifique Ti-Lou, le raffiné Docteur Woolf : l’énumération de ces personnages a quelque chose de grisant pour les lecteurs de Michel Tremblay. Pour les autres, il faudra seulement apprendre à les connaître : ce sont les héros de la « diaspora Desrosiers », comme l’appelle son auteur. On retrouve tout ce joli monde dans « Survivre ! Survivre ! », le huitième tome de la saga montréalaise. Huit, ou bien davantage, selon la méthode de pointage, puisque les origines de cette histoire remontent quasiment aux années 1970.

Par bribes, entre deux romans qui n’ont rien à voir, le fameux écrivain-dramaturge-librettiste-scénariste québécois poursuit une gigantesque fresque depuis ses débuts littéraires.



À travers plusieurs cycles de romans qui se répondent, il décrypte inlassablement les relations entre des centaines de personnages, créant une cosmogonie littéraire éphémère depuis le premier tome des « Chroniques du Plateau-Mont-Royal », la première et la plus fameuse de ces symphonies romanesques, devenue un classique de la littérature de la Belle Province.

Un ange déchu parmi d’autres
« J’espère que j’va être capable de me plier pour me rasseoir... D’un coup que je fais péter le corset ! » Cette phrase n’atteint même pas la moyenne de la gouaille « tremblaysienne ». Edouard la prononce dans « Survivre ! Survivre ! ». L’émouvant et sympathique vendeur de chaussures vient pour la première fois de se transformer en femme, grâce au parfum et aux conseils avisés de sa meilleure amie. Un moment de grâce, une poésie subtile, loin des caricatures, qui permet de comprendre comment Michel Tremblay est devenu peu à peu une référence pour les amateurs de littérature abordant des thèmes homosexuels.

Au-delà d’Edouard, qui se révèle à lui-même, le dernier opus en date de la « diaspora Desrosiers » semble être celui de la résilience. Au début du roman, la flamboyante Ti-Lou, femme réputée pour sa beauté, n’a plus qu’une jambe. Elle va pourtant choisir avec délice un soulier qui lui permettra de retrouver son ironie et son mordant – oui, ce roman raconte aussi l’histoire d’une unijambiste collectionneuse de chaussures kitsch !


Quand Tremblay boucle la boucle
À la lecture de « Survivre ! Survivre ! », les sentiments seront forcément mélangés chez le lecteur. Partagés entre la joie de retrouver des personnages devenus, peu à peu, aussi tangibles qu’une véritable famille et l’appréhension de devoir bientôt les quitter : le neuvième épisode est déjà annoncé pour la fin de l’année, liant encore plus la « diaspora Desrosiers » et les « Chroniques du Plateau ». Et au cas où on s’y perdrait dans cet écheveau, le livre-référence « L’univers de Michel Tremblay : le dictionnaire des personnages » de Jean-Marc Barrette et Serge Bergeron a été mis à jour et enrichi récemment. Une façon comme une autre de se préparer à affronter ce dernier tome, intitulé « La Traversée du malheur ». On a déjà mal pour Edouard, Ti-Lou, Théosphore et les autres.

Damien Cenis

© Monic Richard / Actes Sud

 

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