Le nouveau livre de Nathalie Léger est plus que jamais un pari : Supplément à la vie de Barbara Loden (POL) tente de saisir le mystère de la personnalité de Barbara Loden à travers son seul film,Wanda, un chef d’œuvre réalisé en 1970, qu’elle écrit, réalise et interprète.
Au début du livre, la narratrice de Nathalie Léger est chargée d’écrire une notice dans un dictionnaire de cinéma. Très vite, le sujet la submerge et elle se transforme en enquêtrice d’un film, d’une femme, qui l’emmène jusqu’à l’intimité trouble d’elle-même.
Barbara Loden est d’abord célèbre par son mari, Elia Kazan, par les photos de pin up, bombasse blonde mais habillée, qu’elle fait en arrivant à New York à la fin des années 40, sorte de double de Marilyn dont elle sera la doublure voulue par Miller dans After the fall en 1964. C’est un fait divers, l’histoire d’un couple, Bonnie and Clyde raté, l’homme tué dans le hold up et la femme jugée qui remercie son juge pour les 20 ans de réclusion qu’il lui inflige, qui inspire Wanda à Barbara Loden.
Nathalie cherche Barbara qui cherche Wanda. L’art, littéraire ou cinématographique, est l’instrument de la quête. Mais chacune de ces femmes court peut-être derrière un leurre qui cacherait une autre question. C’est Nathalie Léger qui joue le jeu le plus clair, croisant l’image de sa mère avec celle de l’héroïne. Derrière la figure de Wanda, impavide d’inertie dans une époque violente de mouvements, se creuse la question du féminin qui ne s’oppose pas au masculin mais à lui seul. Un livre lancinant, passionnant qui pourrait ne jamais se finir.
Karine Papillaud
photo : Hélène Bamberger