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Solo de William Boyd

William Boyd, et Bond ne meurt jamais

Solo de William Boyd

C’était l’événement littéraire de ce printemps : l’arrivée de la traduction francophone de « Solo », les nouvelles aventures de James Bond revisitées au plus près de l’univers de Ian Fleming par le plus francophile des auteurs britanniques, William Boyd. Mais quelques semaines après l’agitation médiatique incontrôlable qui a entouré sa sortie, reste une question : l’auteur d’« Un Anglais sous les tropiques » était-il le choix idéal pour resservir une nouvelle tournée de vodka-Martini ? A posteriori, oui.

 

 

 

 

 

Parce qu’il ne pouvait pas faire pire
Alors que Ian Fleming était terrassé, en 1964, par une crise cardiaque au sommet de sa gloire et à la veille du tournage de « Goldfinger », son héros ne sera pas resté longtemps orphelin. Dès l’année suivante, ses éditeurs confient au Britannique Kingsley Amis le soin de reprendre ses aventures – pour un roman seulement, « Colonel Sun » – seul James Bond apocryphe resté plus ou moins dans les mémoires. S’ensuivra une foultitude de successeurs plus ou moins habiles à respecter les canons du genre, jusqu’à Jeffery Deaver en 2011, manifestement plus à l’aise dans le thriller policier que dans le roman d’espionnage... Un style, justement, dans lequel Boyd a déjà prouvé tout son talent, aussi bien dans « Un Anglais sous les tropiques » que dans « L’Attente de l’aube ».

Parce qu’il admirait Ian Fleming
William Boyd partait avec un avantage sur ses concurrents. Dans sa jeunesse, il aura lu tous les James Bond et a toujours voué une admiration non feinte pour Ian Fleming : il lui fera même jouer son « propre rôle » de recruteur d’espion dans son roman « A livre ouvert » en 2002. Le clin d’œil se poursuit d’ailleurs dans « Solo », puisque Boyd se penche brièvement sur le passé « militaire » de James Bond, lui prêtant une mission en Normandie, similaire à l’une des opérations conçues par Ian Fleming lors de son passage dans les services secrets britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale. Un exemple qui dénote toute la patte Boyd dans ce roman : un soin particulier appliqué aux détails et à la documentation, comme son aïeul. Quitte à s’appliquer un peu moins, au niveau du style littéraire

Parce qu’il a ré-humanisé le personnage de Bond
La grande solidité de « Solo » réside dans la double démarche de William Boyd : se fondre dans l’univers « canonique » de Bond tout en réussissant à creuser des aspects de sa personnalité esquissés par Ian Fleming. Sous l’accessoire habituel (voitures de luxe, gadgets et James Bond girls...), se dessine l’histoire d’un homme capable d’être habité par le doute, de rire et pleurer, d’en faire trop (jusqu’à la torture) et de le regretter, d’aimer et de haïr – loin du super-héros caricatural de son double cinématographique. « Humain après tout » ? Une bonne occasion de redécouvrir l’agent secret le plus connu de la pop culture.

 

WilliamBoyd© Trevor Leighton / Éditions du Seuil

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