
Rien ne semblait le prédisposer à devenir écrivain : Patrick Autréaux était psychiatre et médecin urgentiste. Il a fallu un cancer incurable dont il s’est miraculeusement remis, puis un deuil pour que l’écriture arrive.
Après Dans la Vallée de larmes (Gallimard), son premier livre qui traitait de sa maladie, Soigner est autant un témoignage qu’un essai sur les frontières entre la maladie et la vie, le bien portant et le mourant, le lecteur et l’écrivain.
Patrick Autréaux est un « deux fois né ». Sorti indemne d’une maladie terrible, un lymphome, il raconte dans Soigner ce qui l’a conduit, après la maladie, à passer à l’écriture. Si Dans la Vallée de larmes, son premier livre racontait l’expérience du malade, ce deuxième récit est bien celui qui narre la transformation du médecin en l’écrivain.
Dans Soigner, son grand père, une force de la nature, baisse pavillon et se met à mourir doucement. L’ancien malade devient accompagnant, et le médecin s’interroge sur la place qui serait désormais la sienne. Patrick Autréaux ne cesse de devenir un autre à travers ce livre dans un mouvement qui décline le verbe soigner dans tous ses sens.
A la fois récit d’un accompagnement, hymne à l’amour pour un grand père maternel dont il a choisi le patronyme pour son nom de plume, Soigner marque la mort (temporaire ?) d’un médecin et la naissance d’un écrivain. Au-delà de la leçon de vie, avec les inévitables poncifs du genre sur la vie et la mort, Patrick Autréaux livre une œuvre singulière et intime qui pose avec beaucoup d’acuité la question de l’identité et de son territoire.
Karine Papillaud
Soigner, Patrick Autréaux, Gallimard, col. L’un et l’autre, (2011)
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