
A la fin du XIXe siècle, d’horribles meurtres ont frappé l’East End, un quartier misérable de Londres. A l’époque, on a appelé le meurtrier Jack the ripper, l’Eventreur, mais cet assassin de femmes pauvres n’a jamais été retrouvé.
« La police est passée à côté du coupable car elle s’était fait une idée de son profil social », explique le sociologue Michel Moatti qui a décidé aujourd’hui de refaire l’enquête.
Il lui a fallu deux années d’immersion, jusqu’à s’inscrire dans l’une des sociétés de « ripperologie » londonienne, la Whitechapel Society. Il accède à des documents, des archives, qui lui permettent de remonter le fil de l’enquête pour écrire son premier roman. Dans Retour à Whitechapel (HC éditions), il imagine que la dernière victime, Mary Jane Kelly, devenue célèbre par l’acharnement de son bourreau qui la dépeça littéralement dans sa chambre, avait une fille.
En 1941, alors que cette dernière est infirmière au London Hospital, elle découvre que sa mère était l’une des victimes de Jack l’Eventreur. Elle remonte le fil de ses origines pour retrouver son assassin. Grâce aux analyses et aux pièces retrouvées par l’auteur Moatti, Amelia Pritlowe finit par découvrir celui que de nombreux experts ont, par la suite, considéré comme le vrai meurtrier.
Dans ce passionnant opus, fait de fiction et d’histoire, Michel Moatti conduit le lecteur dans la misère extrême du Londres de la révolution industrielle. Il y a 130 ans à peine, les « match girls », ces ouvrières qui fabriquaient des allumettes et voyaient leur visage ravagé en quelques mois, organisaient une grève sans précédent dans Londres ; avec d’autres ouvrières, elles étaient nombreuses à monnayer une passe pour manger ou finir de payer un loyer.
Dickens n’est pas loin dans cette cruauté sociale et cette terre idéale pour le crime. Une cinquantaine d’années plus tard, la deuxième guerre mondiale commence avec ce que l’on considère comme le monde contemporain. Les petits-enfants de ces victimes pourraient être vivants, encore aujourd’hui. Michel Moatti parvient à la fois à entraîner le lecteur dans l’élucidation d’un meurtre mythique, mais aussi à rapprocher les époques de terrible manière. Un livre prenant, haletant, troublant.
Karine Papillaud
Retour à Whitechapel, Michel Moatti, HC Editions, (2013)
On en a vu/lu tant et plus des histoires autour de Jack l'éventreur mais ce qui pourrait être intéressant ici c'est que l'auteur est sociologue et s'est vraiment immergé dans les "vrais" faits pour construire son histoire. ça me tenterait bien !
Bonjour Hassina, Je pense qu'entre la TV et les livres personne n'a pu passer à coté de Jack l'Eventreur. Le problème est qu'il n'est pas simple de déméler le vrai du faux car évidemment l'interprétation et et l'imagination des réalisateurs et auteurs on pris le pas sur ne serait ce qu'un semblant de recherche sur la vérité.
Patricia Cornwell pour l'écriture de son livre : "Jack l'Eventreur, une affaire classée", à fait des mois et des mois d'une enquête minutieuse, épluchant toutes les archives, se rendant à Whitechapel, essayant de retrouver des descendants de protagonistes connus espérant que leur grenier détiendrait la réponse. Son livre est donc l'exposition de son enquête et d'une théorie (que je ne vous dévoilerais pas au cas ou vous n'auriez pas lu ce livre) sur l'identité du tueur échafaudée d'après les découvertes qu'elle a éffectuée, on est très loin d'un roman de fiction.
Pour ma part j'ai trouvé le livre formidable quoi que parfois un peu fastidieux du fait des énumérations par exemple. Cependant je ne suis pas convaincu par sa théorie. N'empêche qu'à l'époque ou je le lisais je me rendais à pied à mon travail en passant entre autre par une ruelle, je commençais très tôt et partait donc dans la nuit, j'ai plus d'une fois parcouru cette ruelle au pas de course (sourire).
Donc en ce qui me concerne Jack l'Eventreur reste parmis les plus grand mystère jamais résolu, l'histoire quelle qu'en soit l'interprétation reste attirante et parle toujours à mon imagination.
Bien cordialement. Christelle
Etude sociologique d'un serial killer Plus docu-fiction que roman, cette enquête scrupuleuse pose également le contexte social d'une époque qui aura lourdement influé sur le manque de rigueur avec laquelle cette affaire a été classée. Que suscite pour vous le personnage de Jack l'Eventreur ?