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Qu'y a-t-il au courrier ?

Le roman épistolaire n'a pas dit son dernier mot

Qu'y a-t-il au courrier ?

Le roman épistolaire, qui raconte une histoire à travers une correspondance réelle ou imaginaire, existe depuis l'Antiquité. Il a connu  son apogée au  XVIIe siècle et explore de nouvelles voies aujourd'hui.
Le siècle des Lumières y voit le moyen de contester le contrat social, tout en prenant une certaine distance. Montesquieu avec ses Lettres Persanes en est l'exemple emblématique.
Mais rapidement la littérature comprend la liberté que permet ce genre. Confidence, proximité, impertinence, libertinage, épanchement, mysticisme, rébellion, mise en perspective, suspens… mode d'emploi et morceaux choisis.

 

 

 

Le roman épistolaire est un exercice de style qui permet l'expression pleine et entière de la subjectivité en même temps qu'il reflète la personnalité, la culture, le caractère et le tempérament des épistoliers. Il peut prendre différentes formes, mais certaines règles communes président à sa construction. L'absence de narrateur place le lecteur en situation d'indiscrétion, tandis que les lettres, qui s'inscrivent dans une logique chronologique, construisent une continuité narrative.

Lettres qui peuvent être un échange polyphonique, avec de nombreux intervenants qui se répondent et entretiennent des correspondances multiples comme dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Ou au contraire n'avoir pas de destinataire, comme dans Tout près le bout du monde, dernier roman de Maud Lethielleux, où trois adolescents accidentés de la vie se racontent dans leur journal intime et dévoilent l'histoire émouvante de leur reconstruction dans la ferme de Marlène. Ici les épistoliers n'écrivent pas à quelqu'un en particulier, sauf Jul, amoureuse écorchée, dont les confidences à son journal sont autant de lettres à celui qui l'a brisée.

Mais le style épistolaire est le berceau idéal de l'inattendu. La réponse de l'autre, conditionne la suite de l'histoire, avec parfois des rebondissements qui surprennent et donnent une dynamique et une force que le style narratif ne pourrait rendre. Le poignant Inconnu à cette adresse de Katherine Kressmann Taylor, à la chute meurtrière, est un magistral exemple de littérature épistolaire, car plus qu'un genre, l'échange de courrier se fait bras armé de la vengeance. 

La correspondance se prête aussi aux confidences de l'intime et à la réflexion spirituelle comme dans Oscar et la dame rose d'Éric-Emmanuel Schmitt, qui donne la plume à un petit garçon de dix ans atteint d'une leucémie qui vit ses douze derniers jours et écrit à Dieu sur les conseils de la Dame Rose. La lettre est aussi militante et permet à l'auteur de prendre la parole avec violence et véhémence. La plus célèbre d'entre elles, la lettre ouverte de Zola, J'accuse, qui lui vaudra un procès et l'obligera à l'exil.

Mais le style épistolaire, facile, direct et sans descriptions inutiles se révèle particulièrement adapté à la littérature jeunesse. Il permet d'aborder avec légèreté et profondeur des questions importantes, Jo Hoestlandt, dans Réponds-moi quand je t'écris met en scène trois enfants que la fin de l'année scolaire séparent, le temps des vacances et qui s'écrivent leurs doutes, leur solitude, leurs émois, leur amitié.

 

Agathe Bozon

Sur le roman épistolaire :
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Rose

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