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Quand le requin dort de Milena Agus

Mélopée sarde

Quand le requin dort de Milena Agus

De roman en roman, Milena Agus impose une voix inimitable, douce, incroyablement attachante. Quand le requin dort, son nouvel opus, est un petit bijou de tragédie intemporelle délicieusement triste.

 

 

 

 

 

Quand le requin dort raconte l’histoire pleine de poésie d’une famille sarde dont les membres sont tous un peu frappés. Le père est entiché de voyages, mais rivé à son atelier de mécanique. Il partira un jour, mais personne ne sait vraiment quand.

La mère, perdue dans son monde intérieur, peint le monde pour le rendre vivable, fragile face à un réel qui blesse trop fort. La tante, jeune et belle femme plantureuse est victime d’une véritable malédiction : elle attire tous les hommes, mais ne sait en garder aucun. Au milieu de cette assemblée gaie, décalée et douloureuse, la narratrice est une adolescente qui vit une histoire sado-masochiste avec un homme marié.

Elle décrit la dureté du monde, mais aussi les épouvantables sévices amoureux avec une tranquillité bonhomme, de celles qui n’ont pas eu la chance de connaître la chaleur du vrai bonheur. Il y a une simplicité faussement naïve, toujours, sous la plume de Milena Agus, et une poésie triste, implacable, dans des histoires qui ne se passent jamais vraiment comme on s’y attendrait.

Quand le requin dort est en fait le premier roman de cette romancière sarde venue aux lettres presque par hasard. C’est le quatrième livre que son éditeur français, Liana Levi, publie, après Mal de pierres, Battement d’ailes et Mon voisin. En moins de quatre ans, cette modeste inconnue a trouvé sa place parmi les écrivains qui comptent.

Ses romans, toujours brefs, racontent des histoires simples, bouleversantes, lourdes de la difficulté d’être au monde. Etrangement, le lecteur en garde le souvenir fascinant d’un style inimitable de fluidité et de fraîcheur.

Karine Papillaud

Quand le requin dort, Milena Agus (Liana Levi), 2010

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