
Pour filer à Combray, du côté de chez Swann, séjourner au Grand Hôtel de Balbec, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, contempler le sommeil d’Albertine dans un appartement du quartier Haussmann, il faut bien y consacrer un été.
Un temps suspendu pour dévaler les sept tomes d’« À La Recherche du Temps Perdu » et s’enivrer de prose proustienne, en faisant mentir l’adage ironique de Robert Proust, le frère de Marcel, qui aimait dire : « Le malheur, c’est qu'il faut que les gens soient très malades ou se cassent une jambe pour avoir le temps de lire La Recherche ».
L’an dernier, pour les cent ans de la publication du premier tome de l’épopée, la jeune animatrice de France Inter Laura El Makki a saisi l’été au bond et occupé le temps d’antenne. Tous les jours, autour de midi, défilaient donc des extraits de l’œuvre, lus par André Dussollier, agrémentés d’interventions de « proustophiles » avertis : Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et historien de la littérature française, Jean-Yves Tadié, directeur de la collection Folio Classique ou encore le philosophe Raphaël Enthoven, déjà auteur de « Lectures de Proust », qui interrogeait les rapports entre Marcel et Schopenhauer ou Nietzsche.
Une série d'émissions reprises et élargies cette année dans le petit essai clairvoyant, « Un été avec Proust », à emporter avec soi sur sa serviette de plage, pour mieux trouver des réponses à la « vrai vie, la seule vie pleinement vécue », la littérature. Il s’agit, pour les initiés et les néophytes des grands thèmes proustiens, de mieux saisir le « vertige du temps », percevoir le « trouble d’un réveil », les désillusions amoureuses et les souffrances du deuil, les interactions entre « le moi social » et le « moi littéraire », d’échapper au chagrin de la médiocrité existentielle. Autant de clés de lecture claires et bien étayées, qui devraient également permettre aux « rétifs de Proust » de changer d’avis ...
Un été avec Proust, ouvrage collectif, éd. Equateurs Parallèles.