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Prince d'orchestre de Metin Arditi

Fausse note

Prince d'orchestre de Metin Arditi

 

 
Écrivain suisse d'origine turque né le 2 février 1945 à Ankara, Metin Arditi publie son premier roman Jonction en 2001. Onze ans et dix romans plus tard, il compose une partition qui rime avec perdition en nous racontant le destin d'Alexis Kandilis, le Prince d'orchestre. Comme il le dit lui-même "Ce roman est l'histoire de quelqu'un qui a tout et qui pour finir n'a rien."
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le 23 avril 1997, quand le récit commence, Alexis Kandilis à 47 ans tutoie le sommet absolu de la gloire : il est beau, riche, adulé, applaudi et aimé. Pourtant en à peine plus d'une année, il va tomber de Charybde en Scylla. Comment une telle chute est-elle possible ?
 
La dégringolade est vertigineuse. Alexis semblait pourtant intouchable, protégé par sa réputation quand il commet une indélicatesse, drapé dans une arrogance que l'orchestre lui fera payer. Car l'orchestre est un personnage à part entière dans ce roman. "Alexis sentit sa bouche s'assécher. Il bougeait le bras et la musique ne suivait pas son geste… Elle arrivait au contre-temps, une fraction de seconde trop tard… - On en a maté de plus durs que toi, mon coco. – Voilà ce qui lui disait l'orchestre."
 
À la faveur de cet événement, c'est tout le passé d'Alexis qui rejaillit avec ses blessures anciennes qu'il croyait cicatrisées et pourtant se rouvrent et saignent encore. Gustav Mahler avec ses Chants des enfants morts revient le hanter, ravivant les souvenirs qu'il pensait oubliés.
 
Peu à peu le monde la musique se détourne de lui et la presse qui hier s'extasiait change de ton : "Les chefs d'orchestre sont narcissiques, ce qui est normal. Susceptibles, ce qui est acceptable. Et bien sûr irritables, ce qui est logique. Mais la façon avec laquelle maestro Kandilis traite les musiciens d'orchestre nous oblige à user d'autres mots. Le mépris et la dureté par exemple.
 
La chute professionnelle commence, se poursuivant en chute financière, avec un Alexis devenu joueur, qui perd et se perd quand il pense se "refaire" et se trouver. Une étape qui n'est pas sans rappeler Le Joueur de Dostoïevski.
 
Pourtant, alors que son déclin atteint des profondeurs abyssales, que toutes et tous lui ont tourné le dos, il rencontre deux femmes exceptionnelles qui vont l'aimer. Grâce et avec elles, commence alors un travail de reconstruction, peut-être de résilience. Alexis semble trouver sa vérité. Mais n'est-ce pas trop tard ? 
 
 
Agathe Bozon
 
Prince d'orchestre, Metin Arditi, Actes Sud, (2012)

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Commentaires (1)

  • Nicole Tribouilloy le 28/03/2015 à 12h30

    Ne commencez ce livre que si vous avez du temps devant vous : vous ne pourrez plus le lâcher avant d'avoir lu le dernier mot. Un roman sur la vanité humaine, sur la fragilité de l'homme, sur la violence de la destinée. Une histoire haletante qui m'a fait plonger dans le monde impitoyable de la musique. Une écriture nerveuse, oppressante qui accompagne la dégringolade d'Alexis Kandilis. Et en toile de fond, des airs de musique... lancinants, vibrants, assourdissants. Un moment de lecture où l'énergie du suspens répond aux silences de la réflexion dans un concerto éprouvant.

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