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Portrait de Paolo Lins

Paulo Lins, le Brésil décortiqué

Portrait de Paolo Lins

Lecteurs.com partenaire du Salon du Livre de Paris, était présent du 20 au 23 mars 2015, porte de Versailles à Paris.

Invité du Salon du livre et du festival Quais du polar, l’auteur de « La Cité de Dieu » confirme ses exceptionnels talents de conteur carioca avec « Depuis que la samba est samba ». 

 

 

 


 


La Cité de Dieu, film et roman miraculeux

En 2002, année de la première élection du président Luiz Inácio Lula da Silva, dit « Lula », sortait un film qui allait bouleverser la société brésilienne : « La Cité de Dieu ». Du nom de cette favela tristement célèbre de l’Ouest de Rio,il décrivait avec âpreté les conditions de vie et la gangrène de la violence dans les quartiers défavorisés de Rio dans les années 60 et 70. Mais s’il a littéralement marqué les esprits au Brésil comme dans le reste du monde, c’est autant pour ses répliques cinglantes (« Le soleil est pour tout le monde, la plage pour quelques-uns », entend-on dans la bouche du jeune héros, Buscapé) que pour sa précision quasi documentaire, même dans l’outrance.

Ce n’était pas dû au hasard : non seulement les acteurs avaient été recrutés dans les favelas, mais le livre dont fût tiré le film (et plus tard, une série télé) comportait une quantité d’éléments autobiographiques. Son auteur, Paulo Lins, à l’époque assistant sociologue et poète accompli, avait grandi dans la Cité de Dieu et s’en était extirpé à la force de ses études et de sa plume. Une position de témoin privilégié qui donna toute sa force au récit.


Depuis que la samba est samba

Après cette entrée fracassante dans le milieu de l’édition internationale, Paulo Lins se fit cependant discret pendant une dizaine d’années, préférant se consacrer à l’écriture de scénario. C’est donc avec une certaine appréhension que l’on s’est saisi de son deuxième roman, « Depuis que la samba est samba » : allait-on retrouver la même sublimation de la violence et la même critique fine de l’apartheid social brésilien dans cet ouvrage traitant de la naissance de la samba dans le Rio des années 20 ?

À vrai dire, c’est encore mieux que ça. Non seulement le style de Paulo Lins se reconnaît dès les premières pages du roman, avec son goût pour les coups tordus de voyous minables. Mais surtout, en décrivant le métissage établi à l’époque par les descendants d’esclaves entre leurs cultes interdits (le candomblé notamment, cousin local du vaudou haïtien) et les traditions musicales portugaises, c’est tout le creuset  de la nation brésilienne moderne qui se construit sous nos yeux. Une lecture indispensable pour qui oserait encore douter de la sensualité carioca et de sa musicalité légendaire... 

Timothée Barrière

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