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Portrait de Nancy Huston, une perpétuelle quête d’identité

Portrait de Nancy Huston, une perpétuelle quête d’identité

À l’affiche, actuellement, au Théâtre national de Bordeaux : « Lignes de failles », le roman qui valut à Nancy Huston le prix Femina 2006, porté à la scène par Catherine Marnas.

La pièce reprend l’idée principale de la fiction de l’auteure franco-canadienne : explorer les origines parfois troublantes et troublées de quatre personnages dans un récit identitaire à rebours. Précisément, jusqu’à leurs six ans.

Un âge pas tout à fait anodin pour Nancy Huston.

 

 

 

 

 

 

L’écrivaine et essayiste en fait l’un des actes fondateurs de sa carrière dans l’écriture : le départ de sa mère à ses six ans, le début d’une enfance plongée dans l’imaginaire et les déménagements permanents – ceux-là même qui la mèneront à Paris en 1973 pour y suivre les cours de Roland Barthes. Raccourci ? Pas vraiment, car Nancy Huston revient en détail sur cette séparation précoce dans son dernier roman, « Bad GirlClasses de littérature », paru chez Actes Sud.

Une autobiographie originale, à la deuxième personne, placée du point de vue utérin. Celle qui a pris pour habitude de sonder intimement ses personnages se place ainsi au premier plan, via le truchement de ce fœtus, renommé Dorrit, dans le ventre confortable d’une mère absente, aimée autant qu’imaginée. Alors qu’elle a basé une partie de son œuvre sur l’exil (dans « Nord perdu », en 1999) et la création (dans son tout premier roman, « Les Variations Goldberg » !), la voilà s’imaginer en exil intérieur, au cœur même de la procréation.

Mais en explorant ainsi sa propre « ligne de faille », à travers l’évolution de la petite Dorrit et en convoquant ses maîtres littéraires (Barthes, donc, mais aussi Beckett, avec qui elle partage un talent rare, « l’autotraduction »), elle essaie de tracer les contours, en creux, de son rapport à l’écriture. Très recommandable, donc, pour les lecteurs habitués à son œuvre, mais également pour ceux qui voudraient découvrir la vivacité sensuelle de la romancière.


Timothée Barrière

 

Crédit photo : Nancy Huston © Fanny Dion

 

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