
Toute la vie de Khaled Hosseini repose sur le balancement entre l’Afghanistan et les Etats-Unis. Né à Kaboul dans les années 1960, il est contraint à l’exil dans les années 1980, au moment de l’invasion soviétique. En Californie, il devient médecin et tâte de l’écriture.
Avec un sens du timing incomparable, il sort son premier roman, semi-autobiographique, en 2003, deux ans après l’invasion américaine : « Les cerfs-volants de Kaboul », l’histoire d’une trahison entre deux amis d’enfance, entre les années 1980 et l’Afghanistan des talibans. Un ouvrage d’une grande finesse, porté à l’écran en 2008 par le réalisateur Marc Foster, qui le place tout de suite comme coqueluche immédiate des critiques. Et du public : ses deux premiers romans dépassent les 38 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Quel paradoxe !
Khaled Hosseini n’a plus habité en Afghanistan depuis l’exil familial de 1980 et, pourtant, le voilà reconnu comme l’un de ses plus grands porte-parole. Il s’en défend, comme pour signifier qu’il n’est pas nécessaire de vivre en exil pour écrire les plus belles pages d’une littéraire nationale. Il s’en défend, sans pour autant tourner complètement le dos à son pays : il devient ainsi émissaire du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). On lui doit même une fondation pour soutenir le droit au retour des Afghans déplacés dans les pays limitrophes. Mais le plus étonnant reste que toute l’œuvre de Khaled Hosseini repose justement sur ce balancement entre l’Afghanistan et le monde occidental.
C’est encore le cas pour son dernier roman, « Ainsi résonne l’écho infini des montagnes ». Sa dernière grande fresque tire le portrait, des années 50 à nos jours, entre les montagnes afghanes, Paris ou Los Angeles de jeunes enfants séparés par un drame : Pari, 3 ans, ne reverra plus son grand frère Abdullah, vendu par son père… contre un poêle à charbon. « Kaboul est une île, en réalité », fait-il dire à son personnage. Une île sur laquelle reviennent toujours s’échouer ses grandes interrogations : l’amour, le bien vivre ensemble, la fidélité et la résilience face à l’éloignement.
Ainsi résonne l’écho infini des montagnes, Khaled Hosseini, éd. Belfond.
Timothée Barrière