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Portrait de Joe Sacco, reportages au crayon et humour noir

Portrait de Joe Sacco, reportages au crayon et humour noir

 

Après avoir décrit de l’intérieur les conflits au Moyen-Orient et en Bosnie, le dessinateur partage cette fois une vision ironique et déjantée de la politique internationale américaine.

Cette fois, il sort « Bumf», un album très inspiré par l’humour de Robert Crumb.

 

 

 

 


C’était bien avant « XXI », la Revue dessinée et la multiplication des « mooks », ces mélanges de magazines et de «books ».
Au début des années 90, alors que la bande dessinée commençait seulement à profiter de sa légitimité de «neuvième art », Joe Sacco publiait son premier reportage dessiné, ulcéré par ce qu’il venait de découvrir lors d’un voyage en Palestine. Le dessinateur créait alors un nouveau genre et détonait sur tous les tableaux. 

Non content de se mettre en scène et d’écrire ses reportages à la première personne, il transformait les phylactères en citations à la virgule près. De quoi désarçonner bien des lecteurs. De quoi en enchanter beaucoup d’autres, qui redécouvraient ainsi le plaisir de se plonger dans l’histoire complexe et passionnante des conflits au Proche-Orient, en Bosnie et ailleurs. Côté bande dessinée, Joe Sacco a remporté l’Oscar des bulles : le prix Will Eisner, décerné aux États-Unis. Côté journalisme, il a été notamment été distingué par deux Prix France Info de la bande dessinée.


« En marge de l’histoire »
Son mélange d’exactitude implacable, de rigueur journalistique (au service de son engagement personnel) et de style potache a fait sa réputation. Une notoriété mondiale : il est traduit en 14 langues et s’en amuse d'ailleurs bien souvent. Pour son dernier album, « Bumf », Joe Sacco mise surtout sur l’humour. Une veine presque surréaliste, à la Robert Crumb, où les dirigeants américains deviennent d’énormes créatures cosmiques aux dents de loup. Et que dire de leurs séides cagoulés ?

S’il délaisse la rigueur maniaque qui a fait sa gloire, c’est pour mieux raconter des aventures oniriques où la critique de la politique internationale américaine se fait acerbe. Il n’épargne rien, ni personne, et dresse un tableau effrayant de la puissance états-unienne. L’objectif n'a pas changé depuis que Joe Sacco décrivait les victimes d’exactions dans la ville palestinienne de Khan Younès. Raconter ce qui n’intéresse que moyennement les médias traditionnels : « la marge de l’histoire ». 

Timothée Barrière

© Michael Tierney

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