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Petit art de la fuite d'Enrico Remmert

Un road trip à l'italienne

Petit art de la fuite d'Enrico Remmert

Né en 1966, Eric Remmert est un auteur italien, qui voit son premier titre, Rossenotti, salué par la presse et récompensé par le prix Chianciano du meilleur premier roman en 1997. Son second ouvrage, La ballade des canailles rencontre le même succès. Boulimique de travail, Enrico Remmert met également sa plume au service de traductions depuis l'anglais et collabore à différents magazines, productions TV, publicités, documentaires…Traduits dans une douzaine de langues, ses romans séduisent un large public. Son dernier titre Petit art de la fuite nous entraîne dans un road trip plein de rebondissements.

 

 

 

 

 

Ils ont une trentaine d'années, peu de points communs et se trouvent embarqués ensemble dans une traversée mouvementée de l'Italie. Lui, Vittorio, violoncelliste qui court les "cachetons", a réussi à convaincre Francesca, sa dulcinée vétérinaire éprise d'un autre, de l'accompagner. Se joint à eux, Manuella, gogo danseuse et monitrice d'auto-école, qui fuit Ivan, son petit ami violent…dont elle se découvrira enceinte. Au volant d'une vieille Fiat Punto, le trio enfile l'autoroute, presque insouciant. Quand un échange savoureux sonne le glas d'un simple voyage, annonçant que les choses sérieuses vont commencer : 
- Je prévois des ennuis.
- Comment peux-tu dire ça ? Tu lis dans l'avenir ?
- Pas dans l'avenir. Dans le rétroviseur".
Un rétroviseur dans lequel Manuella a reconnu Ivan qui les suit. Champignon écrasé, coup de volant brutal…la Punto sème le 4x4 menaçant. Manuella avoue à ses amis avoir volé un tableau de Keth Haring à Ivan. Une œuvre de prix qu'elle compte vendre à Francesco Gassso, alias le Duc, richissime propriétaire d'une des boîtes de nuit les plus courues de la région d'Asti. Mais ce petit art de la fuite élève l'inattendu au rang de grand art. Le Duc retrouvé a tout perdu. Et son discours "à un moment de la vie on doit décider si l'on veut se consacrer à l'être ou à l'avoir. Moi j'ai décidé de me consacrer à l'être. Être riche.", résonne comme une autodérision salutaire. Le Duc n'est plus riche et savoure un dernier bain dans la piscine de sa somptueuse villa vendue et vide de meubles, n'attendant que les nouveaux propriétaires.

Entre humour et rythme endiablé, les personnages se construisent dans la complexité de leur histoire qu'on découvre par bribes. Ils deviennent attachants, pétris de contradiction et tellement humains. Soulignons l'ébauche polyphonique du roman qui donne la parole tour à tour à l'un ou l'autre des trois protagonistes, avec dans les situations les plus rocambolesques de magnifiques et poétiques images. Ainsi Vittorio observant la neige décrit "tout a été remplacé par une gigantesque feuille de papier blanc rembourré de silence".

Enrico Remmert a le sens du dialogue, avec des répliques taillées pour le grand écran où l'humour est toujours mâtiné d'une pointe de philosophie :
- D'après toi à quel moment est-il nécessaire de changer en amour ?
- Avant que ce soit nécessaire.
Enrico, il est nécessaire que vous ne changiez rien !

Agathe Bozon

Petit art de la fuite, Enrico Remmert, ed. Philippe Rey, (2013)

 

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