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Passions / La princesse de Clèves de Jean-Michel Delacomptée

Passions / La princesse de Clèves de Jean-Michel Delacomptée

Jean-Michel Delacomptée, en passionné des classiques français, dédicace son dernier ouvrage Passions, La Princesse de Clèves « à la littérature ».

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Entre le XVIème siècle parcouru en compagnie de Montaigne et La Boétie (Et qu'un seul soit l'ami), François II (Le Roi miniature), Ambroise Paré (Ambroise Paré, la main savante) et l'évocation du XVIIIème s. avec Saint-Simon (La grandeur Saint-Simon), l'auteur avoue sa prédilection pour le Grand Siècle puisqu'il a proposé des portraits de personnages historiques (Mme de Motteville dans Je ne serai peintre que pour elle; Henriette d'Angleterre dans Madame la cour la mort), qui rejoignent souvent la sphère littéraire (Racine en majesté et Langue morte, Bossuet). Ce n'est pas le premier travail que ce spécialiste consacre au célèbre personnage éponyme créé par Madame de La Fayette en 1678 : dans sa préface, il cite La mère et le courtisan (publié en 1990 aux PUF et aujourd'hui épuisé) pour expliquer un renouvellement de son approche. Si la fascination est restée intacte, c'est que l'amour éperdu et impossible entre La Princesse de Clèves et M. de Nemours n'est plus perçu de façon univoque mais replacé dans l'économie des passions que soulève ce récit intemporel : « amour conjugal, amour galant, amour de la gloire, amour du pouvoir, amour de la liberté, amour de la vertu, amour du secret, amour de la réputation, d'autres encore ».
 
L'écrivain ne se contente pas d'une traversée du texte abondamment cité en éclaircissant certaines tournures de phrases pour le lecteur du XXIème siècle souvent déconcerté (il rappelle que pour cette raison, le roman se trouva au centre d'une polémique initiée par l'ancien Président de la République) : son essai se lit également comme un remarquable traité des passions telles qu'elles ont été développées par Descartes quelques années auparavant dans Les Passions de l'âme (daté de 1649). Dans ce sillage, Jean-Michel Delacomptée distingue alors la « libido sentiendi » des personnages masculins qui tendent vers l'absolu (le roi, le chevalier de Guise, Sancerre, M. de Clèves, le vidame de Chartres) de la « libido dominandi » des femmes tournées vers elles-mêmes et l'affirmation de leur toute-puissance, à l'exception de l'héroïne (d'où notamment son bonheur sacrifié en renonçant au duc de Nemours) : la reine, Mme de Thémines, Mme de Clèves, Mme de Chartres, Mme de Valentinois.
 
Ce plaisir de la plongée dans l'univers de la cour du XVIIème s., accru par la qualité d'écriture de cet amoureux de l'Histoire, du roman et de sa langue, nous convie au plus près des secrets inépuisables de ce mythe amoureux qui, par son humanité et son incontestable modernité malgré trois siècles et demi de distance, parle au cœur de chaque lecteur.
 
Véronique Marro, librairie Mollat
 
Passions : La princesse de Clèves, Jean-Michel Delacomptée, Arléa, (2012)

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