
C’est au musée du Barreau de Paris dont il est, de fraîche date, le conservateur, que l’avocat-écrivain-éditeur Emmanuel Pierrat a choisi de présenter son nouveau livre à la presse.
Son Paris ville érotique publié chez les chastes éditions Parigramme, n’est pas le concentré de lucre auquel on pourrait s’attendre mais une vraie visite de Paris par un intellectuel passionné d’histoire et un amoureux de celle qu’on appelle depuis la fin du XIXe siècle la «Capitale des plaisirs».
Emmanuel Pierrat est d’abord un érudit qui aime comprendre. Et ça commence par exemple avec Marie-Antoinette, à qui l’on a coupé la tête non pas pour ses exactions à la tête du royaume de France mais pour des accusations d’inceste sur son fils, Louis XVII. «La meilleure façon de faire basculer un pouvoir est de s’attaquer à la sexualité de celui qu’on veut abattre», explique Me Pierrat. Mirabeau était un spécialiste de ces libelles qu’il écrivait contre des personnages puissants, qu’il faisait acheter contre son silence à la victime, avant de diffuser le manuscrit clandestin, au mépris de sa parole donnée.
Pierrat emprunte la petite porte dérobée pour raconter l’Histoire : on apprend notamment que le Palais Royal a longtemps hébergé les métiers interdits : le théâtre, la presse, l’édition et la prostitution. Quand les prostituées ont quitté le Palais-Royal, chaque quartier a nommé ses demoiselles : les Lorettes étaient ces filles du quartier Notre-Dame de Lorette qui s’installèrent dans des appartements neufs destinés aux nouveaux riches qui préféraient la rive gauche de Paris. Elles y étaient entretenues par des industriels et finançaient des artistes : la Traviata, Nana étaient des Lorettes. «Elles étaient les premières filles indépendantes, elles choisissaient leur vie», plaide Emmanuel Pierrat. La prostitution est un excellent révélateur du statut de la femme, dans toutes les époques. Ce que révèle le Paris érotique, entre anecdotes, affaires et précisions historiques à découvrir et savourer.
Karine Papillaud
Paris ville érotique, Emmanuel Pierrat, Parigramme, (2013)
Photo © Sandrine Cellard