
Dilemme récurrent chez les éditeurs et les auteurs de bande dessinée : la conclusion d’une grande série s’impose-t-elle ? La question peut se poser en ce mois de novembre, alors que Lewis Trondheim met un point final à sa « jeune » saga, « Ralph Azham ».
L’auteur de la série « Donjon » clôt avec ce 7e tome sa parodie d’heroic fantasy animalière et polissonne : la mue du héros y est achevée dans un combat final à l’intérêt limité, si ce n’est de proposer un aboutissement au lecteur.
Conclure ainsi une série reste une rareté dans le monde de la bande dessinée, les éditeurs ayant du mal à se séparer de personnages à la forte notoriété. Au vu des nouveautés de novembre, il existe même plusieurs méthodes pour faire vivre les héros les plus porteurs.
Le plus simple ? Confier la franchise à de nouveaux auteurs. Yves Sente et Iouri Jigounov ont ainsi récupéré les aventures de « XIII » depuis quatre tomes. Dans ce nouveau cycle, dont « Le Message du martyr » constitue la dernière livraison, il s’agit toujours pour le héros amnésique de recouvrir son identité. Et si Jean Van Hamme a laissé de côté « XIII », c’est pour mieux se consacrer à Largo Winch, dont il vient de livrer le 19e tome, « Chassé-croisé » : sans surprise, le fringant Largo est poursuivi par une horde d’ennemis décidés à l’abattre. Plus subtil, Yves Sente, encore lui, a choisi une autre idée pour les nouvelles aventures de Blake et Mortimer : le « Bâton de Plutarque » se présente comme un préquel pour la série créée par Edgar P. Jacobs en 1946. L’intrigue prend place durant la Seconde Guerre mondiale, avant même le premier tome de la série, et dévoile la première collaboration des deux héros.
Enfin, pour assurer la survie d’un de ses héros emblématiques, Spirou, Dupuis a poursuivi la série classique initiée par Franquin par un couple d’auteurs (Morvan et Munuera, plus récemment Vehlmann et Yoann)... tout en confiant des épisodes uniques à des dessinateurs inspirés, dans une sous-série intitulée « Le Spirou de... ». Un exercice de style qui attire toujours plus de prétendants : après une relecture très esthétisante de la ligne claire dans « La Femme Léopard » de Yann et Schwartz, arrive prochainement le graphisme contemporain de « La Grosse Tête », par le dessinateur Tehem. Parce que Spirou ne meurt jamais.