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On ira tous en Sibérie… même toi, avec Jean-Baptiste Maudet

Le lauréat du Prix Orange du Livre 2019 revient avec "Des humains sur fond blanc"

On ira tous en Sibérie… même toi, avec Jean-Baptiste Maudet

Vive le déconfinement qui permet de redécouvrir des bijoux de la rentrée !

Le deuxième roman de Jean-Baptiste Maudet, Prix Orange du livre 2019 pour Matador yankee (Le Passage) change radicalement de lieu, d’ambiance et de couleur : loin du Nouveau-Mexique de son premier texte, Des humains sur fond blanc déroule les aventures de Tatiana, une scientifique de Moscou, partie inspecter les conséquences de la radioactivité sur les troupeaux de rennes en Sibérie.

A première vue, cela ressemble à une punition bureaucratique et c’en est bel et bien une. En délicatesse avec son chef retors et rond de cuir, cette volcanique experte se voit appeler depuis son lieu de villégiature pour partir en urgence dans le Grand Nord. Sans moyen et avec à peine un point de chute, elle part à l’aventure passablement agacée. La rousse Tatiana a un fichu caractère, la bonne quarantaine célibataire et indépendante ; elle ne mâche pas ses mots et son franc parler lui a déjà coûté des aléas de carrière. Droite dans ses bottes, la voilà acoquinée malgré elle avec une jeune interprète younet, Neva, et Hannibal, un vétéran de l’aviation qui s’est proposé pour cette mission afin de sortir de sa maison de retraite.

 

Dans le no man’s land de la Sibérie, Des humains sur fond blanc affronte le choc des cultures, celle des origines mais aussi celle des pratiques humaines qui disloquent aussi bien la question du territoire que de la temporalité. Au Moscou très moderne, archi sédentaire et occidentalisé s’oppose une Sibérie de nomades, aux rituels ancestraux, et à la langue plus étrangère que l’anglais. S’illustre ici la pluralité d’un territoire mal unifié par la langue mais où les hommes sont « amoureux de la Russie (chacun) à sa façon ».

 

Des contrastes encore incarnés par les deux femmes, chacune représentant le produit de son milieu : Tatiana est moderne, quarantenaire et célibataire, exigeante et indépendante ; Neva est une jeune femme qui ne choisit ni son travail ni ses amours, peu encline à faire respecter les frontières de son corps et de ses désirs. Toutes deux seront transformées par ce voyage en zone blanche, là où les codes seront bouleversés par l’urgence et le danger. Le danger prendra la forme d’un curieux trafic dont on ne dira rien ici mais où se heurtent des appétits économiques redoutables et silencieux d’outre-frontière.

 

Dans une écriture mélodieuse et énergique, souvent drôle et très visuelle, où chaque mot est pesé, à l’instar de Matador Yankee mais avec moins d’onirisme et plus de dialogues, Jean-Baptiste Maudet raconte l’altérité rencontrée sous toutes ses formes. Un regard qui va et vient entre l’intérieur et l’extérieur, l’intime et l’aventure, l’introspection et la quête de l’autre, la frontière et la transgression. Un moment de littérature qui a le seul défaut d’être trop court !

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