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Nous sommes tous morts de Salomon de Izarra

Near death experience

Nous sommes tous morts de Salomon de Izarra

« Nous sommes tous morts » ! Le lecteur ne réchappera pas de la lecture du premier roman de Salomon de Izarra (Rivages), auteur qui se fait remarquer autant par son nom, inoubliable, que par l’effronterie réussie de son roman.

 

 

 

 

 

 


Derrière ce titre définitif qui, en effet, se vérifie inéluctablement jusqu’à la dernière page, se campe l’histoire de Nathaniel Nordnight, un jeune marin qui embarque comme second sur un baleinier à la fin des années 1920. Mais leur expédition dans les eaux froides du nord du globe tourne très mal quand le bateau se trouve mystérieusement pris par les glaces. Le comportement des marins change peu à peu, taraudé par la faim et une menace diffuse et épouvantable que l’auteur n’éclaire malheureusement pas. Ils y passeront tous, un à un. Le roman d’Izarra est le journal de bord tenu par ce Nathaniel  qui, étrangement, est le dernier vivant sur le bateau, mais annonce sa mort dans le terrifiant « nous » du titre. 

Evidemment, l’auteur est influencé par Lovecraft. Son récit s’enfonce dans l’irracontable : le cannibalisme, l’homme acculé au pire enfermement, celui qui le condamne à sortir de l’humanité. Il y a de nombreuses pistes de lecture dans ce texte narré par un personnage qui porte le nom de « don de Dieu » en araméen et qui, sous cet aspect, prend une dimension toute luciférienne. Quelque chose d’apocalyptique, certes, mais aussi l’annonce du noir fléau qui s’est abattu sur le monde quelques années seulement après l’histoire de Nathaniel, l’apogée du nazisme en Europe et, plus largement, la menace que promet toute civilisation contre elle-même.

Et même si le livre manque d’une dimension métaphysique pour en faire un vrai chef d’œuvre, le style implacable, l’expérience de lecture dérangeante de fascination, promettent que ce premier roman signé par un garçon de 24 ans ne sera pas un coup d’essai.


Karine Papillaud

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