
Elle écrit peu, mais chacun de ses livres sort de ses tripes : après Rendez-vous en 1995, puis Rien de grave dix ans plus tard, Justine Levy publie Mauvaise fille, son troisième roman, en 2009. L’histoire de sa première grossesse qui survient alors qu’elle accompagne les derniers mois de la vie de sa mère.
Comment devient-on mère quand la sienne disparaît ? Et comment se réjouir d’un événement qu’on n’attendait pas, une grossesse, quand sa propre mère enchaîne les chimiothérapies jusqu’à l’épuisement final ? L’histoire est trop sordide pour sortir d’un roman. Mais c’est l’expérience déchirante vécue il y a une poignées d’années par Justine Levy, qu’elle a choisi de raconter dans Mauvaise fille.
Bouleversant, déchirant, excessif et sincère, tel est le témoignage de cette « mauvaise » fille qui se prénomme Louise dans le texte. Quand elle apprend sa grossesse, alors assez avancée, elle ne sait pas l’annoncer à sa mère. La culpabilité, un thème fort qui hante chacun de ses ouvrages, est encore à l’œuvre dans cette histoire où il s’agira finalement d’endosser tous les torts puisqu’il est trop tard pour régler ses comptes avec sa mère, et trop tôt encore pour faire face à ses nouvelles responsabilités de future maman.
En bonne écorchée vive, elle prête le flanc à une critique implacable de ses faiblesses et de ses incapacités de fille, qui détourne l’attention des terribles manquements de sa mère. Il y a dans Mauvaise fille plus qu’un témoignage saignant, mais une analyse fine et rarement dite du magnifique et douloureux lien mère-fille.
Karine Papillaud
Mauvaise fille, Justine Levy (Stock), 2009