
La prolifique et talentueuse Joyce Carol Oates nous replonge dans un univers gothique pour dépeindre l'Amérique, genre auquel elle nous a déjà habitués avec sa trilogie réunissant Bellefleur (1981), La Légende de Bloodsmoor 1985 ) et Les Mystères de Winterthurn (1987).
L'an dernier, elle nous avait régalés avec Mudwoman, décrivant une véritable chute sociale de son héroïne.
Avec Maudits, elle remonte le temps et situe son histoire en 1905 et 1906 à Princeton, sur la côte Est des États-Unis. Plus de 800 pages dans lesquelles ont se laisse allègrement entraîner tant l'écriture de l'auteur est exaltante.
Le narrateur, M. W. van Dyck II, un vieil historien réactionnaire, témoigne en 1984 d’une histoire dramatique ayant eu lieu 80 ans auparavant.
Mêlant avec brio la fiction et les faits historiques, apparaissent entre autre divers personnages illustres, Théodore Roosevelt, président en fonction, Woodrow Wilson, futur président des Etats-Unis, Grover Cleveland, quittant la Maison-Blanche, Mark Twain ou Jack London.
Une construction habile, reflet d'une maîtrise exceptionnelle du roman, qui offre une écriture fluide, précise et très détaillée des événements, appuyée par des notices offrant un historique et des références pour étayer les faits.
Du grand art qui nous transporte dans une Amérique engoncée dans un puritanisme étouffant, une véritable fresque sociale où l’on retrouve indubitablement la charge subversive qui caractérise l'auteur et dont le fer de lance est de mettre en exergue les travers de cette Amérique.
Ainsi, la famille Slade, une des familles fondatrices de l'aristocratie de Princeton, dont le grand-père, homme d’église respecté, marie Annabel, la benjamine, au lieutenant Bayard. Coup de théâtre, elle disparaît en pleine cérémonie de mariage, répondant à un appel hypnotique et c’est l’amorce de funestes événements qui toucheront non seulement les Slade mais toute la haute société locale.
Hallucination, pulsions meurtrières, comportements irrationnels qui se multiplient car le Mal s’est emparé de tous. Il s’est subrepticement immiscé au cœur de la ville en approchant pour la première fois Annabel, l’air de rien, un matin d’avril en la personne d’Axson Mayte et il l’enlève le jour de ses noces.
Cette société privilégiée va alors connaître une véritable descente aux enfers, le chaos s’installe, des événements surnaturels s’amplifient, tous sont victimes de visions maléfiques.
L’auteur mène son roman avec brio, d’une richesse époustouflante. Un ouvrage complexe et foisonnant qui en véritable étude de mœurs, rend compte de la société américaine du début du XXème siècle dans sa dimension sociale, politique, religieuse et culturelle. Joyce Carol Oates est prolifique, certes, mais chaque opus est un chef-d’œuvre.
Hassina Mimoune
Photo : ©Nicolas Guerin/Contour/Getty Image
Je l'ai découverte avec "Blonde" en 2000, une vraie révélation littéraire comme je n'en avais encore jamais vécue.
Je l'ai découverte avec Les Chutes, lu au Sénégal; il y a quelques années, l'an dernier ce fut Mudwoman (offert par l'éditeur!) lu au Cameroun et je lirai peut-être celui-ci au Sénégal si ma liseuse fonctionne! J'aime beaucoup cette auteure
J'ai Découvert cet auteur l'année dernière avec son fabuleux "Mudwoman", je vais m'empresser d'aller acheter "Maudits" pour le déguster... ou le dévorer!