Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Limonov d'Emmanuel Carrère, Prix Renaudot 2011

Un roman de la Russie

Limonov d'Emmanuel Carrère, Prix Renaudot 2011

Alors qu’Albin Michel réédite son Journal d’un raté, le sulfureux dissident russe Edouard Limonov (Prix Renaudot 2011) fait l’objet d’un livre écrit par Emmanuel Carrère (POL) et qui porte son nom. Hommage ? Enquête ? Reportage ?

L’auteur invente un genre qui ne souscrit ni à l’hagiographie ni au jugement réglé, dans un style qui ne cesse d’impressionner le lecteur de L’Adversaire à D’autres vies que la mienne.

 

 

 

 

 

Edouard Limonov est un Russe aujourd’hui sexagénaire, patriote ou fasciste selon les points de vue, qui a participé aux grands événements de ces quarante dernières années sans en être pourtant jamais le héros. 

Créateur du parti national bolchevique avant d’amender ses positions, ami du terroriste serbe Arkan, il mène auparavant une carrière écrivain couru à Paris dans les années 80, et aux côtés de Jean-Edern Hallier dans l’aventure de l’Idiot international. Mais Limonov, Savenko de son vrai patronyme, a aussi connu les vaches maigres : de clochard à New York à 30 ans, il se retrouve prisonnier en Sibérie parmi les durs la soixantaine passée, et il rebondit encore et encore, toujours droit dans ses bottes, farouchement chevillé à sa volonté d’exister et d’être reconnu.

Son drame est qu’à chaque moment de sa vie, un Russe le prend de vitesse dans la course à la renommée : Brodsky ou Soljenitsyne pour la littérature, Poutine en politique, sans compter les femmes qui le quittent.

Un homme étrange dont Emmanuel Carrère souligne toutes les ambivalences. Du texte  émane une curieuse sympathie pour un type qui s’est souvent trompé d’option, balancé entre la violence et des aspirations spirituelles. Un héros de notre temps, sans doute, un Russe né dans le soviétisme et amoureux de son pays, certainement.

Marchant dans les pas de sa mère l’Académicienne Hélène Carrère d’Encausse, spécialiste de la Russie, Emmanuel Carrère offre la possibilité de poser un regard différent sur l’"ours russe" dont l’Occident se méfie tant, vingt ans après la fin de la guerre froide.

Karine Papillaud

Limonov, Emmanuel Carrère, POL, (2011)

À découvrir aussi

Voir plus d'articles "Chronique"