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L'été des éditeurs, entrez dans les coulisses estivales de quelques maisons d’éditions 2/3

L'été des éditeurs, entrez dans les coulisses estivales de quelques maisons d’éditions 2/3

En ce moment, tout le monde lit, y compris les explorateurs de la rentrée sur lecteurs.com. Pendant que les auteurs attendent fiévreusement le démarrage de la rentrée à partir du 18 août, les éditeurs, eux… Mais au fait, que font les éditeurs cet été et surtout, qu’a représenté la préparation de cette rentrée littéraire pour leur maison ?

On vous propose de suivre les coulisses estivales de quelques maisons d’éditions, toutes différentes, jamais pareilles. Cette semaine, Yann Briand qui veille aux destinées éditoriales des éditions Le Passage aux côtés de Marike Gauthier, et Charlotte Lefevre, responsable éditoriale des éditions Pocket qui lance pour la première fois sa rentrée littéraire.

  

Yann Briand, Directeur littéraire des éditions Le Passage

 

Quelques semaines nous séparent de la rentrée, comment l’envisagez-vous  ?

Assez positivement, on a fait une grande partie du travail en amont, et la réception des deux livres, Les Pêcheurs d’étoiles de Jean-Paul Delfino, Les Corps fragiles d’Isabelle Kauffmann, est plutôt bonne, voire très bonne chez les libraires et les journalistes.

 

Préparer une rentrée pour un éditeur, cela implique d’avoir trouvé des textes, mais ensuite ?

On imprime les livres dès le mois de mai, ce qui est très tôt par rapport aux délais habituels de publication. On commence alors à les défendre, ce qui représente le gros du travail, et qui implique de rencontrer deux medias de front, la librairie et les journalistes.

Depuis le début, nous nous appuyons beaucoup sur la librairie indépendante. On convie ses libraires à une réunion matinale au musée Delacroix à Paris qu’on organise fin mai. On est aussi associé à une grande réunion Volumen, qui est notre distributeur, à laquelle sont conviées toutes les catégories de libraires parmi les 950 dits de premier niveau, mais aussi d’enseignes comme la Fnac, et qui viennent de toute la France y assister. On présente également nos textes à des groupements de libraires, comme la librairie Ensemble, ou les centres culturels Leclerc.

On fait aussi le tour des grandes villes de l’Europe francophone. Entre les petits déjeuners à Lyon, Strasbourg, Nantes, ou Bruxelles, on a rencontré plus de 400 libraires. Tous repartent avec le livre. On a ainsi récolté très tôt de nombreux retours de lecture. Tout l’enjeu c’est d’intéresser les gens à lire le plus tôt possible. Même chose avec les journalistes.

Vous comprenez que pour nous, les mois de mai et de juin sont des mois d’enjeux très importants qui engagent d’ailleurs beaucoup de déplacements, et, en moyenne l’impression de 500 exemplaires par roman, pour les distribuer aux libraires.

 

N’est-ce pas un peu… fastidieux ?

C’est éprouvant mais surtout très convivial. Ces rencontres permettent d’avoir, au delà même des enjeux de la rentrée, d’échanger avec des gens qu’on voit rarement mais avec qui on travaille beaucoup toute l’année. Et puis ils rencontrent les auteurs, c’est beaucoup plus qu’une simple présentation de textes.

 

Comment choisit-on les livres qu’on publiera à ce moment spécifique de l’année ?

Marike Gauthier et moi décidons de toujours publier deux livres par rentrée littéraire, en janvier et septembre. Comme nous ne publions que des textes de littérature française, on préfère publier peu pour défendre mieux nos titres.

Vous me demanderez : pourquoi ceux là ? Fondamentalement, les rentrées littéraires concentrent beaucoup d’auteurs, avec toujours plus de 500 titres. La concurrence est rude, certes, mais la rentrée de septembre est aussi la période où les medias donnent une place exceptionnelle au livre. Les réunions de libraires dont je vous parlais ne sont organisées que pour cette rentrée. Quand on croit à un livre, et malgré la production, c’est un bon moment pour le sortir parce qu’on touchera un public plus large, du fait de la période. On a eu des exemples de succès grâce à ça. Certains auteurs peuvent avoir l’impression de descendre dans une arène, se sentent très démunis, mais il y a incontestablement une attention plus forte donnée au livre dans les journaux mais aussi dans les nombreux salons ou rencontres en librairies organisés à l’occasion de cette rentrée. Isabelle Kauffmann et Jean-Paul Delfino sont déjà invités dans différents salons, comme Nancy ou Besançon. Isabelle fait partie des sélections des livres préférés de la rentrée de l’enseigne Cultura, et du Prix Landerneau que décernent les Espaces culturels Leclerc, Jean-Paul est déjà sur la liste du Prix Georges Brassens. Chacun fera son lancement dans une librairie : à la librairie Passages à Lyon pour Isabelle le 6 septembre, et chez Delamain pour Jean-Paul le 9 septembre. C’est agréable de partir en vacances quand tout cela est déjà mis en train !

En outre, cette rentrée est particulière pour nous aussi car elle marque la refonte totale de notre site internet, qui sera mis en ligne tout début septembre, pour accompagner la rentrée. On l’a pensé en articulant une nouvelle stratégie autour des titres de la rentrée, il sera très différent de ce qu’il est aujourd’hui. Soyez patients…

 

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Charlotte Lefevre, responsable éditoriale pour la littérature française et étrangère aux éditions Pocket

 

Qu’est ce qu’une rentrée littéraire pour un éditeur de poches ?

On n’en fait pas chez Pocket, la rentrée littéraire est un moment comme un autre, habituellement, pour les éditions de poche. Par un concours de circonstances, cette année, il y a quatre textes très littéraires que j’avais envie de porter, d’autant plus parce qu’ils n’avaient pas très bien marché au moment de leur sortie en grand format.

 

Cela semble paradoxal non ?

C’est un pari. Il arrive que de très bons textes ne rencontrent pas leur public du premier coup. L’idée est de les faire émerger dans leur version poche. J’ai eu l’idée de m’appuyer sur l’élan engagé par la rentrée littéraire pour mettre en lumière ces quatre romans : D’abord dans le domaine français, Ces Âmes chagrines de Leonora Miano (publié chez Plon en 2011), et Courir après les ombres de Sigolène Vinson (publié chez Plon en 2015) pour qui j’ai un gros coup de cœur, que j’ai acheté l’été dernier avant même sa sortie. Le poche fait ses choix de plus en plus en amont de la publication du grand format. De fait, il y a plus de prise de risques qu’il y a 15 ans. Sur les romans étrangers, par exemple, il est fréquent que les achats des textes se fassent dans le même temps que les enchères destinées à l’éditeur de grand format. Pour cette rentrée, j’ai choisi de publier Dernier requiem pour les innocents d’Andrew Miller et Album de Gudrun Eva Minervudottir initialement publié aux éditions Tusitala.  Tous les quatre sortiront au premier office de septembre.

 

Comment avez vous organisé le temps de la publication pour cette première rentrée littéraire ?

Cela a commencé très en amont, j’ai proposé à tout le monde de lire ces quatre romans au sein de la maison d’édition, de la direction à l’assistante commerciale. Ce qui signifie qu’il y a bien vingt à trente personnes qui ont lu au moins un de ces quatre titres. Et je peux dire que ce choix est marqué par un esprit de solidarité dans la maison, l’équipe de Pocket est unanime. Nos chefs de vente ont eu ces titre à défendre en priorité, avec, un peu plus tard, la sortie du best seller La Fille du train de Paula Hawkins publié en grand format chez Sonatine. Pour le reste, c’est classique : nous avons rencontré des libraires, des journalistes, le tirage de mise en place était réglé dès la mi -juillet.

 

Êtes vous sereine ?

Non. Je me suis beaucoup engagée, c’est un projet très particulier qui me tient à cœur. J’ai le trac bien sûr ! Mais je sais que si cela ne fonctionne pas, la maison ne sera pas en péril, avec ses 450 nouveautés qui paraissent chaque année, dont 180 titres de littérature générale que nous choisissons toujours avec la plus grande minutie.

 

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