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Les traducteurs, ces héros si discrets

Les traducteurs, ces héros si discrets

Sans eux, nous n’aurions pas accès à la littérature étrangère.

Qui sont les traducteurs ? Et comment travaillent-ils ?
Au début de l’année, Frédéric Beigbeder s’est fendu d’une chronique incendiaire à propos de Gatsby le magnifique, de Francis Scott Fitzgerald. La cause de son courroux : une nouvelle traduction, peu à son goût, de son roman fétiche par Julie Wolkenstein. C’est souvent le lot des traducteurs : quand on parle d’eux, en général, c’est que leur travail a déplu. On salue rarement la qualité des traductions, et les noms de ces travailleurs de l’ombre sont peu connus. Pourtant, sans eux, la littérature étrangère (soit 40 % des sorties de romans) ne nous parviendrait pas. Imaginez un paysage sans Paul Auster, sans Murakami, sans Stieg Larsson…. Ils sont un petit millier en France, dont la traduction est l’activité principale. 

 

 

Premières langues traduites ?
L’anglais vient en tête, bien sûr, avec 60 % des traductions. Suivi du… japonais (ceci étant principalement dû aux mangas). Puis l’allemand, l’espagnol et l’italien. A noter, tout de même, la grosse poussée des langues scandinaves, du fait du succès des polars venus du froid. Ayant appris sur le tas ou issus des écoles de traduction - des formations privées ou des spécialisations dans les cursus de lettres ou de langues - ils sont rémunérés à hauteur d’environ 20 euros le feuillet. Employés à la tâche par les maisons d’édition, ils bataillent pendant des mois de travail solitaire pour transmettre les textes.

Sont-ils accompagnés dans leur démarche par les écrivains qu’ils traduisent ?
"Ce n’est pas systématique, mais fréquent. Quand c’est le cas, c’est merveilleux de pouvoir travailler en relation avec l’auteur", explique Olivier Mannoni, président de l’Association des traducteurs littéraires de France, traducteur du philosophe allemand Peter Sloterdijk et du romancier suisse Martin Suter. "Quand c’est possible, nous suivons ces relations précieuses sur le long terme. Il y a une confiance qui se crée. C’est un acte grave pour un auteur de confier son bébé à un traducteur."

Un traducteur doit-il être considéré comme un écrivain ?
Légalement, oui : ils ont des contrats d’auteur. "Nous avons des techniques d’écrivain", continue Mannoni. "Nous recréons des œuvres. C’est le charme de notre métier."   "Il s’agit d’un travail d’auteur, car il y a une part de créativité", estime Charles Recoursé, traducteur, notamment, de feu l’écrivain américain David Foster Wallace. "Il faut savoir faire des choix artistiques quand il n’existe pas d’équivalent dans la langue. C’est ce que j’appelle la matière noire de la traduction. Le texte doit donner l’impression d’avoir été écrit en français."  Alors faut-il croire l’expression italienne "Traduttore, traditore"  ("Traduire, c’est trahir") ? "L’essentiel, c’est que la trahison soit honnête" . 

A noter : la parution de la nouvelle traduction de Trainspotting, le roman culte d’Irvine Welsh, par Jean-René Etienne. (Éd. Au Diable Vauvert). 

Sur le même sujet : Interview de Pierre Guglielmina, traducteur

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