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Les Lois fondamentales de la stupidité humaine de Carlo M. Cipolla

Complainte de l’homme intelligent

Les Lois fondamentales de la stupidité humaine de Carlo M. Cipolla

 

Parler de stupidité sans dire de bêtise, voilà qui relève de la gageure la plus ironique, et pourtant : Carlo M. Cipolla relevait le défi avec humour, mais aussi beaucoup de sérieux il y a 35 ans, dans un court livre intitulé Les Lois fondamentales de la stupidité humaine.

 

 

 

 

 

 

C’est un petit éditeur anglais qui s’est occupé de sa diffusion, en édition numérotée et limitée, l’auteur refusant longtemps la traduction de cet essai dans sa propre langue, l‘italien. Après diverses péripéties, le livre est enfin réédité en anglais fin 2011, et les Presses Universitaires de France se sont chargées de la traduction en français. Et elles ont rudement bien fait : Cipolla n’est pas psychologue mais historien de l’économie et c’est le détail qui fait toute la saveur de ce livre pas comme les autres.

Sans s’étendre sur le pourquoi du comment de l’être stupide, il évalue la capacité de nuisance et l’évaluation possible pour les pauvres êtres rationnels que nous sommes tous (car qui saurait soi-même se reconnaître stupide, voyons), victimes de ces individus insaisissables et malfaisants. « L’activité et les mouvements d’un être stupide étant par nature erratiques et irrationnels, toute défense s’avère problématique, et contre-attaquer est extrêmement difficile, comme si l’on essayait de tirer sur une cible parfaitement capable des mouvements  les plus improbables et les plus incongrus ». La stupidité ou l’art de mettre la raison en échec.

Derrière les schémas et l’énoncé des lois fondamentales qui composent l’argument du livre s’étend la détresse de l’Occidental cartésien, qui, contraint à l’altérité et à la démocratie, doit faire avec. Avec qui exactement ? Non pas avec l’alter ego, le bandit mais avec l’électron libre, l’imprévisible, le type dangereux par excellence dans le regard de l’économiste. Celui qui empêche la terre de tourner rond, sans qui, finalement, bien des drames, bien des emmerdements seraient épargnés. Celui, sans qui, aux yeux de l’écrivain, bon nombre de livres ne seraient jamais écrits et tant de rires resteraient morts nés dans la poitrine. Bref, une sorte de nid de poule dans la vie de l’automobiliste, qui peut lui faire faire la sortie de route fatale ou le réveiller opportunément sur le chemin qui tourne. 
 
 
Karine Papillaud 
 
Les Lois fondamentales de la stupidité humaine, Carlo M. Cipolla, P.U.F., (2012)

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