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Les hommes n'appartiennent pas au ciel de Nuno Camarneiro

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Les hommes n'appartiennent pas au ciel de Nuno Camarneiro

Né en 1977, à Figueira da Foz au Portugal, Nuno Camarneiro fut physicien avant d'être écrivain. Son premier roman Les hommes n'appartiennent pas au ciel, couronné de nombreux prix, le propulse au rang des auteurs majeurs de la littérature portugaise.

 

 

 

 

 

 

 


Étonnant, est le premier mot qui vient à l'esprit pour qualifier ce roman qui se lit comme un enchaînement de parenthèses poétiques qui donnent la parole à trois personnages singuliers : Fernando, Jorge et Karl, qui se racontent, au fil de chapitres qui alternent sans se croiser, séparés les uns des autres par des milliers de kilomètres.
 
À New York, Karl, immigrant d'Europe centrale, sera laveur de carreaux jusqu'au jour où pour un dollar, il accepte qu'un homme lui lie les poignets avec des lanières à "la machine qui donne des énergies". Une expérience douloureuse qui le mènera dans un bordel où il sera homme à tout faire et amoureux de la brune Celestina.
 
À Buenos Aires, Jorge encore enfant, vit avec ses parents, sa petite sœur Norah et sa grand-mère Fany, qui lui raconte des histoires "qui alimentent sa fantaisie" et qu'il revisite la nuit, quand il peine à s'endormir.
 
Lisbonne, "est la fin de la mer", pour le petit Fernando qui pose pied à terre après un voyage sur l'océan Atlantique. Ses pieuses tantes l'accueillent, avec bienveillance dans leur maison, mais la nuit, dans sa chambre, il s'interroge "Qui nous délivre du mal ? Personne ne peut nous délivrer du mal."
 
Le roman qui s'ouvre sur des reproductions de coupures de presse du 19 mai 1910, rapportant le passage de la comète de Haley et la folie qui s'ensuivit, construit le récit de trois vies, organisé selon cinq parties : exorde, confrontation, arrangements, stupeur, clôture. Une narration poético-philosophique virtuose, qui donne  au lecteur l'impression de plonger dans les jeunes années de trois figures mythiques de la littérature du XXe siècle : Borges, Pessoa et Kafka. L'hommage à ce dernier étant Karl, qui fait écho au Karl de son roman L'Amérique, un allemand qui débarque…à New York.
 
Signalons, que les chapitres, concernant Jorge, quand ils ne sont pas intitulés Buenos Aires, en sont une anagramme : Eusuaor Bines, Aureos Sineb…
Un roman magistral, tout en nuances et références subtiles, qui par les chemins intérieurs des personnages distille poésie et candeur quand tout est noirceur.
  
 
Agathe Bozon
 

 

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