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Les écrivains du réel

Articles au long cours

Les écrivains du réel

Ils sont journalistes et ont choisi le format livre pour publier leurs reportages. Des documents qui retranscrivent amplement la complexité du réel. Zoom sur les écrivains reporters. 

 

 

 

 

Quel est le point commun entre Albert Londres, Joseph Kessel, Hunter S. Thompson, Jack London et Ernest Hemingway ? Ce sont des géants de la littérature, certes. Mais ils ont tous été journalistes avant d’être écrivains. On peut, grossièrement, classer les littérateurs en deux catégories : ceux qui font œuvre d’imagination, et ceux qui puisent dans le réel. Un réel, qui, c’est bien connu, a du talent. Parmi ces derniers, il y a ceux qui collent strictement aux faits, car c’est leur métier de journaliste. Frustrés de ne pouvoir s’exprimer sur la longueur en quelques colonnes, nombreux sont les reporters qui choisissent le format livre pour raconter les histoires dont ils ont été les témoins, parfois les acteurs.

Certains ont érigé le genre du reportage au rang d’œuvre littéraire, tels les illustres exemples cités plus haut. Les contemporains ne sont pas en reste, comme le montrent les rééditions actuelles des ouvrages de quelques grands noms du reportage international, comme l’Américain William T. Vollmann ou le Turc Yachar Kemal. Sans oublier le Polonais Ryszard Kapuscinski, maître des apprentis baroudeurs, globe-trotter insatiable muni d’une plume à la précision inimitable, connu, entre autres, pour ses tableaux de fin de règne : « Le Négus », sur la chute de l’empereur d’Ethiopie Hailé Sélassié, et « Le Shah », sur celle du monarque iranien.

Le genre comporte toutefois un écueil majeur. Quand l’écrivain prend le pas sur le journaliste, la réalité s’éloigne. Et là, gare au bidonnage. Kapuscinski lui-même a été accusé d’enjoliver certaines de ses histoires, dans la biographie que lui a consacré Artur Domoslawski, « Kapuscinski, le vrai et le plus que vrai » (éd. Les Arènes). « Je préfère placer ses œuvres les plus célèbres (…) sur l’étagère de la littérature », explique le biographe.

Chez nous, on se souvient que Bernard-Henri Lévy avait publié un ouvrage étrange qualifié par l’auteur lui-même de « romanquête » sur l’assassinat de Daniel Pearl. En France toujours, on aura noté la publication en 2011 de « Une saison à Gaza » (éd. JC Lattès), récit de la longue immersion de la journaliste Katia Clarens sur le territoire palestinien. En choisissant l’angle humain plutôt que celui de l’information brute et désincarnée, cette plongée sensible offre une vision ample et lumineuse sur un sujet effleuré chaque soir dans les journaux télévisés. Dans un monde saturé d’informations rapides et passagères, ces reporters au long cours, armés de leurs grands formats et de la profondeur de l’écrit offrent, tout simplement, une meilleure compréhension du monde. 

Sur le même sujet : Interview de Katia Clarens

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