Attention, un roman peut changer la vie… ou faire sérieusement réfléchir. C’est l’expérience que mène l’héroïne du nouveau roman de Valérie Zénatti, Les Âmes sœurs.
Emmanuelle est exactement ce que les chaînes de télé appellent la ménagère de moins de cinquante ans : fraîchement quadragénaire, mère dévouée de trois enfants de 10, 5 et un an et demi, elle a aussi un bon mari et un travail sans histoire. Elle s’ennuie un peu mais ne le sait pas, jusqu’au jour où un roman la bouleverse tant qu’elle décide d’envoyer promener sa journée ordinaire pour se consacrer à sa lecture.
L’histoire d’amour entre Lila, une photographe, et Malik son voisin de palier qui disparaît tragiquement, électrise l’incartade buissonnière d’Emmanuelle. Tout au long de cette journée, livrée enfin à elle-même, elle « cherche la bonne position pour vivre », comme d’autres pour dormir. A travers la vie de cette héroïne imaginée qui a connu la passion et les guerres, elle passe ses rêves, ses souvenirs et ses regrets au tamis de la réalité. Peut être, sa vie sage de mère aimante et d’épouse équilibrée n’est pas si morne que ce qu’elle imaginait.
Mais le vrai sujet des Ames sœurs est sans doute l’amitié : dans l’intimité qu’Emmanuelle crée avec ce personnage de roman qu’est Lila, c’est toute l’histoire d’amitié avec Héloïse, son amie défunte, qui ressurgit et qui pourrait se prolonger, à la fin du livre, avec le début d’une nouvelle histoire. Il n’y a pas que l’amour ou pour un homme réel ou fantasmé qui fasse battre le cœur des femmes ordinaires : Valérie Zenatti met au jour la noblesse délicate de l’amitié, la force des complicités féminines.
Les Ames sœurs, Valérie Zenatti (ed. de l’Olivier), 2010
