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L'enfant de l'étranger d'Alan Hollinghurst

Les beaux verts britanniques

L'enfant de l'étranger d'Alan Hollinghurst

Un intimidant « nez de marbre à l’affût de toute loyauté » : voilà comment Alan Hollinghurst décrit Cecil Wallace, le personnage angulaire de son dernier roman, L’Enfant de l’étranger, traduit pour cette rentrée littéraire deux ans après sa parution au Royaume-Uni.

 

 

 

 

 

 

Cecil Wallace, donc, jeune aristocrate à la morgue inversement proportionnelle au talent littéraire, disparaît pourtant très vite de cette grande fresque courant sur près d’un siècle, entre 1913 et 2008. Mais sa mort certaine au champ d’honneur, dans les tranchées françaises de 1916, lui vaudra de passer à la postérité : comme le poète anglais Rupert Brooke, qui a inspiré le personnage de Wallace, le jeune homme laisse quelques vers sur la guerre choisis par Churchill comme un exemple de la splendeur britannique.

Tout le roman consiste à suivre la mémoire de Wallace et de ces vers, à travers les membres de deux familles, l’une bourgeoise et l’autre aristocrate, lors de cinq moments précis de l’histoire. L’occasion pour Alan Hollinghurst, monument de la littérature gay outre-Manche, récompensé du Booker Prize en 2004 pour son précédent La Ligne de beauté (et étonnamment snobé par le même prix pour celui-ci), de développer un ouvrage à entrées multiples, dissimulées sous sa prose au classicisme absolu (qui lui vaut souvent la comparaison avec Henry James).

Les détracteurs de l’auteur n’y verront superficiellement qu’une énième histoire romancée de l’homosexualité sur fond de lutte des classes en Angleterre. Hollinghurst détourne ici cette critique récurrente de son œuvre en établissant plusieurs personnages majeurs féminins (!) et en n’offrant moins qu’à son habitude de développement sexuel croustillant – si l’amour gay est ici omniprésent, il reste encore plus platonique que dans A la recherche du temps perdu. Ce qui tombe bien, puisque tout l’intérêt réside ailleurs : dans la chronique du déclin de l’empire britannique, racontée à travers la mythification d’un objet littéraire sans autre intérêt que son patriotisme pastoral.

L'enfant de l'étranger, Alan Hollinghurst, Albin Michel, (2013)

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