D’un livre à l’autre, elle parvient avec cette simplicité si séduisante qui est aussi sa marque de fabrique, à enchanter un public toujours fidèle, toujours plus nombreux. L’Echappée belle est cette petite récréation ensoleillée qu’elle proposait à lire à l’automne 2009.
Garance, Lola, Simon et Vincent se retrouvent à l’occasion d’un mariage de famille en province auquel ils vont assister à reculons. À tel point que les deux sœurs et le frère aîné décident rapidement de fuguer, laissant famille, progéniture et le reste de la meute sur les marches de l’église, pour aller retrouver le petit frère qui fait le guide de château à deux heures de route. S’ensuivra un pique-nique mémorable, improvisé et bohème où l’on savourera le bonheur d’un moment auquel se mêlent les souvenirs heureux, l’émotion et les petites blessures enfouies.
On retrouvera tous un membre de sa propre famille dans ce portrait d’un clan un peu bobo, plutôt bourgeois et secrètement paumé. C’est la génération « fraise tagada », dans ce qu’elle a su garder d’adulescent pour la fraîcheur et l’impertinence, pour aussi réserver la poésie fantasque de la vie au détriment du quotidien et des obligations mortifères.
Ce récit, Anna Gavalda l’avait déjà publié en 2001 pour les lecteurs de France Loisirs. Lésés par cette exclusivité qui a rendu le texte rapidement inaccessible, les lecteurs n’ont cessé pendant des années de redemander sa publication à l’auteur, au fil des conférences et signatures qu’elle donnait en France.
Anna Gavalda s’est laissée convaincre mais a repris et rallongé de quelques dizaines de pages la nouvelle initiale. Une petite madeleine à savourer, une « bulle de champagne légère et gaie », comme elle aime à le préciser, avant de s’atteler au prochain roman ou au scénario original qu’elle s’est promis d’écrire.
Karine Papillaud
L’Echappée belle, Anna Gavalda (Le Dilettante), 2009
