
Elle est l’auteur de Ce livre va vous sauver la vie, un sixième roman éclatant découvert en France l’année dernière. Dans Le Sens de la famille, l’écrivain américain Amy M. Homes laisse de côté la fiction pour raconter son histoire, celle d’un enfant adopté.
Le ton n’est pas du tout celui d’une confession douloureuse mais celui d’une jeune femme de 31 ans, bien dans son temps et bien dans sa peau, entourée de proches aimants. Pas de pathos, donc, dans ce texte, mais un examen de cette chose étrange qui est de faire la connaissance d’étrangers avec qui on ne partage rien mais avec qui on a tout à voir.
Amy est un jour contactée par sa mère biologique. Une relation commence au début des années 90, entre une trentenaire qui n’est pas prête à révolutionner sa vie et cette femme mûre qui voudrait rattraper le passé et devenir mère à temps plein. Cinq ans plus tard elle décède. Amy décide alors de remonter son arbre généalogique, pour recréer ou comprendre une histoire familiale qui n’a pas existé : « Enfants, nous sommes crédules par nature. Il ne nous vient pas à l’idée de remettre en question le roman familial ; nous le prenons pour argent comptant, sans nous apercevoir qu’il s’agit d’une histoire, d’une fiction collective à strates multiples ».
Amy M. Homes parle de l’adoption comme jamais. La grande force du récit tient à la démarche de l’auteure qui décide de réunir sa famille adoptive et sa famille naturelle dans cette même grande enquête sur ses origines.
Elle a choisi un style factuel, qui séduit par son flegme, pour raconter une histoire complexe et parfois tragique. Sa probité, mais aussi son don pour la fiction font de ce témoignage pas tout à fait comme les autres, un moment de littérature, de grâce et d’intelligence.
Karine Papillaud
Le Sens de la famille, A.M. Homes (Actes Sud), 2009