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Le règne du vivant d'Alice Ferney

C'est la vie que l'on tue

Le règne du vivant d'Alice Ferney

Née le 21 novembre 1961 à Paris, Alice Ferney se partage entre l'enseignement, à l'université d'Orléans où elle est maître de conférences, et l'écriture. Remarquée avec son roman Grâce et dénuement, récompensé du prix Culture et Bibliothèque pour tous en 1997, elle insuffle à ses romans l'énergie de l'engagement.
Son dernier titre, Le Règne du vivant (rentrée littéraire 2014), est une dénonciation de l'impérialisme de l'homme sur le règne animal. Bouleversant.

 

 

 

 

 

 

 

Magnus Wallace, militant écologiste taciturne, mène un combat contre les baleiniers qui braconnent et massacrent la faune.
Sur son bateau, l'Arrowhead, un vieux navire lancé en 1959 de cinquante-quatre mètres de long et six cent cinquante-sept tonnes de déplacement, une poignée de vingt-six volontaires de huit nationalités, venus de tous horizons et un jeune journaliste norvégien.
Ce roman engagé dénonce l'économie des mers faite de corruption pour mieux traquer et mettre à mort les baleines et les requins. Une écriture magnifique et sensible qui déroule sous nos yeux le film d'une nature sous-marine généreuse et vulnérable : "J'ai écouté des souffles, des murmures, des plaintes, des passages d'oiseaux, des sauts, des plongées, des chants nuptiaux. Je me suis inscrit dans le mouvement fluide des créatures de ces lieux. (…) J'ai fait silence, j'ai retenu mon souffle à l'apparition des baleines".
Aux descriptions à la fluidité poétique succèdent celles glaçantes de la réalité de l'action de l'Homme : "Au coeur du Pacifique, dans le nœud de ses courants vers le nord, j'ai filmé la grande décharge du monde : sur trente mètres de profondeur, un continent de plastiques, sacs, bidons, bouteilles, de toutes les marques, dans toutes les langues et de toutes les couleurs".
Alors Magnus s'indigne et lutte, infatigable défenseur des baleines, conscient des risques et qui explique : "Défendre les animaux peut devenir mortel. Toi aussi tu peux disparaître, les journalistes ne sont pas épargnés dès qu'ils dénoncent les scandales environnementaux."
Mais Magnus, mène son combat avec sa légendaire insubordination avec pour arme, les images de la mort de ces prédateurs devenus proies et qui finissent dans un  linceul d'eau ensanglantée. Ces requins dont les braconniers de la mer coupent à la cisaille les nageoires et l'aileron avant de rejeter à la mer l'animal estropié qui "se couche sur le fond, n'en finissant pas d'agoniser, plus vivant que jamais dans sa mort à venir, l'oeil ouvert sur la transparence de l'eau et le sable blanc."
Un plaidoyer exceptionnel qui alerte et interroge sur les rapports de l'animalité et de l'humanité et panthéonise ceux qui donnent leur vie pour celles des animaux, bravant souvent les lois injustes et dénonçant les pressions, car comme le dit Magnus : "Je sais que j'agis au nom des mers et je me sens à l'abri des lois de la terre".
 
Agathe Bozon
 

 

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