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Le meilleur des jours de Yassaman Montazami

Le meilleur des pères

Le meilleur des jours de Yassaman Montazami

 

Née en 1971 à Téhéran, Yassaman Montrazami arrive en France avec sa famille en 1974. Docteur en psychologie, elle a travaillé longtemps auprès de réfugiés politiques et a enseigné à l'université Paris VII. Le meilleur des jours, son premier roman, hommage à son père disparu en 2006, révèle une plume alerte, joyeuse et pleine d'émotion.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le destin de Behrouz, le père de l'auteure, s'écrivit dès ses premiers jours de vie. Il devait mourir et « Toutes les femmes de la famille accoururent pour supplier Rosa de laisser s'accomplir le dessein d'Allah. Elle devait accepter de lui remettre ce nourrisson  qu'elles considéraient toutes comme condamné. »
Mais la mère s'obstine, éloignant tout le monde de cet enfant, jusqu'au jour où il pousse son premier cri de vie « (…) c'est notre plus beau jour. », dira le père. L'enfant fut nommé Behrouz, "le meilleur des jours" en persan.
 
Behrouz grandit, abrité par l'amour de sa mère envahissante et étouffante. Une ogresse qui, toute sa vie, entretint le caractère fantasque de son fils et la famille qu'il fonda, avec une femme qui ne l'aimait pas. 
 
Dans ce roman, construit à partir de souvenirs, Yassaman raconte, dans une écriture intime, ce père blagueur qui avait une lecture insouciante de la vie, cet éternel étudiant, qui vient en France pour étudier et rédiger une thèse sur Marx, à jamais inachevée et qui pourtant l'occupa toute sa vie. D'ailleurs Behrouz ne nourrit aucun complexe à ne pas travailler : « Si Marx avait passé sa vie à la mine ou dans une usine, il n'aurait pu écrire Le Capital ».
 
À travers ce père, par bribes, Yassaman raconte le bouleversement historique que vit l'Iran à la fin des années 70 et se souvient du regard d'enfant qu'elle portait sur ces fugitifs qui quittaient clandestinement l'Iran, traversaient les montagnes du Kurdistan et la Turquie pour enfin trouver refuge dans l'appartement parisien de ses parents : femme de colonel, militants politiques, jeunes étudiants… les catégories sociales se télescopaient, se rencontraient autour de Behrouz, personnage central qui avait l'art de rendre cocasse la plus dramatique des tragédies. « À force d'entendre toutes ces histoires, il m'était apparu qu'un vrai Iranien était nécessairement un fugitif. Aussi m'arrivait-il quelques fois de regretter que nous nous soyons installés en France avant la révolution : nous n'avions pas pu mettre à l'épreuve notre endurance et notre courage – nous connaissions l'exil, mais nous n'avions pas connu l'exode».
 
Ce premier roman est une pépite qui recèle un infini raffinement narratif, entre pudeur et impudeur, comme les frasques du père qui viennent au secours du tragique pour toujours donner à la vie l'élégance de la légèreté.  
 
Agathe Bozon
 
Le meilleur des jours, Yassaman Montazami, Sabine Wespieser, (2012)
 
 
 
 
 
 
 
 

 

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