Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Le lieu perdu de Norma Huidobro

Femme de pierre

Le lieu perdu de Norma Huidobro

« 1977 » est la clef du Lieu perdu (Liana Levi), un magnifique premier roman argentin qui se déroule dans l’un des moments les plus terrifiants de l’histoire du continent sud-américain. A cette époque, et pour plusieurs années encore, règne la répression d’état, une « guerre sale » qui vise explicitement la dissidence de gauche. 1977 est aussi l’année où l'armée argentine commence à exporter ses méthodes de contre-insurrection, comme la torture ou les disparitions, dans toute l'Amérique latine.

 



Ferroni, le personnage principal du roman, est un petit fonctionnaire de la terreur à Buenos Aires. Il doit retrouver un subversif en cavale, en remontant une maigre piste : sa compagne, Matilde, écrit chaque mois une lettre à Marita, sa meilleure amie restée au pays. La mort dans l’âme, Ferroni part pour Villa del Carmen, un patelin enfoui au nord de l’Argentine, où il fait très chaud, où la poussière ronge les chaussures et où les villageois sont rares et mutiques.

Il compte sur son savoir-faire, mais Marita, dont le regard est « comme un mur lisse sans la moindre fissure par où infiltrer son propre regard », ne dira rien. Dans la petite auberge tenue par la jeune femme, s’instaure un bras de fer muet entre le prédateur en veille et sa proie atone. Tous deux attendent l’arrivée de la prochaine lettre.

Cette façade immobile protège le cœur du roman, incroyablement intime et féminin, sensuellement terrien : la violence du soleil, l’odeur de l’ombre, les ruisselantes et « onctueuses » empanadas, mais aussi les secrets des familles, les non-dits, les rêves ravalés. Il se dit beaucoup dans ce roman, où tout le monde se tait.

Karine Papillaud

Le Lieu perdu, Norma Huidoro (Liana Levi), 2009

À découvrir aussi

Voir plus d'articles "Chronique"

Pour aller plus loin :

Livres