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"Le Grand Cœur" : un grand Jean-Christophe Rufin

Un roman profond et magistral, de ceux qu’on n’oublie pas

"Le Grand Cœur" : un grand Jean-Christophe Rufin
Le Grand Cœur. Avec ce titre ample et généreux, inspiré par le personnage historique Jacques Cœur, Jean-Christophe Rufin signe un roman profond et magistral, de ceux qu’on n’oublie pas.
 
 
Il ne cesse de surprendre son lecteur et de déjouer le critique. Prenant pour exemple ses trois derniers livres seulement : Katiba (Flammarion, 2010), roman contemporain, évoque les tensions entre l’Occident et les réseaux fondamentalistes dans la zone floue qui va du sud de l’Algérie à l’Est de la Mauritanie. En émane son expérience d’Ambassadeur au Sénégal qu’il vient alors de quitter. Jean-Christophe Rufin s’essaie ensuite à la nouvelle, et avec bonheur, un genre pourtant inédit pour lui, avec Sept histoires qui reviennent de loin. Cette année, c’est au roman historique qu’il revient avec Le Grand Cœur (Gallimard), mais en utilisant pour la première fois le Je de la narration, se superposant à Jacques Cœur pour revenir sur la vie de cet étrange et si méconnu grand entrepreneur du XVe siècle.
 
Avec lui s’achève la France médiévale et la chevalerie, et commence le règne du commerce, et la Renaissance. Pour l’heure, Jacques Cœur fait venir l’Orient à la Cour de France grâce à un ingénieux réseau de commerçants qu’il contrôle à  travers l’Europe. Mais Jean-Christophe Rufin ne se prend pas pour Jacques Attali et n’avait pas dans ce livre l’intention de refaire une histoire de France de la circulation des richesses. Il s’est concentré sur un homme, celui devant la statue duquel il passait durant son enfance à Bourges et qui le fascinait déjà, celui qui, un temps, fut plus riche que le roi Charles VII son seigneur. 
 
Dans une langue classique et somptueusement déliée, Jean-Christophe Rufin ouvre les souvenirs d’un homme parti fuir en Grèce quand des hommes le cherchent pour le tuer. C’est le temps de la disgrâce et du déclin. Il couche sur le papier ses mémoires, passe en revue son enfance, ses débuts de jeune marié désoeuvré comme gendre de banquier, et le vrai commencement après sa rencontre avec le roi. Le souffle de l’Orient l’obsède, il voyagera, sa vie sera riche, et un amour aussi chaste que total le liera à la maîtresse officielle du roi, Agnès Sorel. 
 
Dans ce roman qui ne perd pas de temps à planter les décors ou décrire les dentelles, Rufin reste au plus près des relations humaines, la triangulation secrète et amoureuse entre le roi, sa maîtresse et Cœur, la complexité, l’ambiguïté des affects qui s’emmêlent et se noient dans la politique. Jamais un roman n’a été aussi digne d’être comparé à Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar. Impossible en tout cas d’établir une hiérarchie littéraire entre ces deux livres, écrits par deux académiciens, immortels aux livres déjà classiques.
 

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