
Si Katharina Hagena, écrivain quasiment inconnue, a vendu 325 000 exemplaires du Goût des pépins de pomme, c’est bien qu’il y a quelque chose comme une grâce dans ce livre aux apparences toutes simples, mais dont l’histoire empoigne sans le lâcher son lecteur.
En Allemagne, elle était connue comme spécialiste de l’œuvre de Joyce. Katharina Hagena est une professeur de faculté hambourgeoise qui enseigne la littérature anglaise et allemande jusqu’au jour où elle décide d’écrire ce roman au titre séduisant, Le Goût des pépins de pomme, une histoire de famille bordée de tendresse et de nostalgie.
Bertha est morte deux fois. La première, avec Alzheimer qui lui a grignoté la mémoire. La deuxième voit se rassembler ses trois filles, Harriett, Inga et Christa, autour de son cercueil. Mais c’est pourtant Iris, la fille de Christa qui reçoit la maison de famille en héritage. Acceptera-t-elle ou non la succession ?
Le temps de son dilemme, la jeune femme s’installe dans cette grande bâtisse aux odeurs de pommes et de poussière qui a contenu la vie de trois générations de femmes. De la grand-mère à la petite-fille, l’auteur déploie peu à peu la grande histoire de cette famille, faite de grandes joies, de légèreté et de chamailleries, mais aussi de sombres douleurs et de secrets, une saga tragique de femmes fortes.
Toutes les familles sont romanesques à condition de bien vouloir plonger dans leurs histoires. Katharina Hagena entraîne le lecteur avec beaucoup de douceur dans la vie de cette famille, singulière et banale mais à laquelle on s’attache si profondément. Le roman aurait pu céder à la facilité du patchwork d’anecdotes ou faire la part belle à une grande histoire au détriment des autres.
L’auteur évite l’écueil avec légèreté, embrassant avec générosité et humour ces quatre destins de femmes.
Karine Papillaud
Le Goût des pépins de pomme, Katharina Hagena (Editions Anne Carrière), 2010