
Née à Paris en 1925, Madeleine Chapsal est journaliste, essayiste, romancière et dramaturge. Une vie riche de rencontres avec les figures les plus illustres du XXe siècle, au premier rang desquelles Jean-Jacques Servan-Schreiber qui devint son mari. Connue pour son engagement féministe, Madeleine Chapsal est une écorchée vive, dont chaque souffrance donne naissance à un livre. Son dernier titre Le corps des femmes est peut-être celui d'une douleur lancinante.
Avec cet essai sur le corps des femmes, Madeleine Chapsal se livre à une réflexion sur le rapport au corps qu'entretiennent les femmes, et particulièrement celles des sociétés dites libérées.
Qu'est-ce que cette société où pour affirmer sa liberté, la femme, quel que soit son âge, se dénude, dévoilant sa croupe et ses seins dans les lieux publics ou dans les magazines.
Ce corps exposé, dont elle explique qu'il est "creux, à la disposition des hommes, par nature pourvus de quoi l'investir".
Pour Madeleine Chapsal, éternelle féministe, les femmes sont prisonnières d'un corps soumis aux hommes, y compris quand elles en jouent.
Et quand les hommes s'approprient certaines chorégraphies exhibitionnistes des strip-teaseuses, à l'instar des Chippendales, ils travestissent la gestuelle féminine. Madeleine Chapsal souligne d'ailleurs à juste titre que les réactions dans la salle sont très différentes : le public masculin est muet de désir ; tandis que "les spectatrices se déchaînent, gesticulent, éclatent de rire, ravies de prendre pour une fois leur revanche sur des mâles qu'elles croient tournés en ridicule."
Pour Madeleine Chapsal éternelle amoureuse, les femmes sont prisonnières des hommes y compris dans l'amour.
Et quand cet amour est brisé par la mort de l'homme, l'épouse amoureuse ne lui survit pas longtemps. Ainsi Françoise Dolto, qui "attendit la mort comme une promesse", pour rejoindre son mari Boris, ou Julienne la femme de son père, qui mourut six mois après celui qui l'aimait car "son corps de femme, n'appartenant plus à personne, ne pouvait plus continuer à vivre."
Pour Madeleine Chapsal, éternelle dramaturge, les femmes sont prisonnières du regard que l'on porte sur leur corps, au point d'en mourir.
Ainsi, Marilyn Monroe, martyre posthume de son insolente sensualité et incendiaire beauté qui, comme tant d'autres "ne souffraient pas d'une pathologie particulière, sauf d'être devenues des icônes cannibalisées par un public qui les voulait immuables, au point qu'elles en avaient perdu le droit et le goût d'être elles-mêmes. Et de vieillir ! "
Un texte court, dense et nourri d'une observation aiguë des femmes d'hier et d'aujourd'hui, à mettre entre les mains de toutes les jeunes filles…et de leurs aînées.
Agathe Bozon