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Le Chardonneret de Donna Tartt

L’oiseau rare

Le Chardonneret de Donna Tartt

 

A un rythme de publication qui frôle la décennie, il va sans dire que le nouveau roman de Donna Tartt,  « Le Chardonneret », est très attendu, nous ayant habituée à des best-sellers avec  « Le Maître des illusions » et « Le petit copain ».
L’attente est méritée puisqu’elle nous livre un chef-d’œuvre de près de 800 pages d’une fluidité prodigieuse où il est question d’œuvre d’art, d’escroquerie et surtout d’une fine réflexion sur le libre arbitre.

 

 

 

 

 

Années, 90, Théodore Decker n’a que 13  ans lorsque sa vie bascule.
Lors de la visite d’une exposition sur les peintres nordiques au Metropolitan Museum de New-York, il est victime d’un attentat dans lequel sa mère perdra la vie. A partir de là, un parallèle s’impose entre sa vie solitaire et tourmentée et ce petit tableau, « Le Chardonneret », de Carel Fabricius (1654), peintre qui lui aussi succombera suite à l’explosion d’une poudrerie.
Cette toile, il s’en empare en s’extirpant des gravats, et ce,  sur le conseil d’un vieil homme mourant qui lui donne une curieuse bague qu’il devra remettre à quelqu’un.

Les péripéties et les rebondissements jalonneront le parcours de ce jeune new-yorkais. Recueilli tout d’abord par la riche famille Barbours demeurant Park Avenue, il est récupéré ensuite par un père alcoolique et irresponsable qui réapparaît curieusement pour l’emmener à  Las Vegas : changement de décor.
Là,  il rencontrera Boris, jeune Ukrainien, véritable tête brûlée, qui deviendra l’ami indéfectible et qui l’initiera  à toutes les drogues.

Comme toute authentique saga, de nombreux personnages entourent Théo qui apparaissent, disparaissent et reparaissent au fil du temps mais dont le repère tutélaire demeure James Hobart, « Hobie », grand homme flegmatique, intègre et atypique, propriétaire d’une boutique d’antiquités. Il est restaurateur de meubles pour Sotheby’s et Christie’s et en fait, l’associé de ce vieil homme furtivement rencontré dans ce funeste musée.

Tout le talent de Donna Tartt est de distiller un suspens qui nous tient en haleine, le fil de l’intrigue demeurant ce minuscule tableau de maître, référence artistique, monnaie d’échange et miroir de la propre existence de Théo, insufflant  délicatement une réflexion intime sur l’utilité de l’art et de son appropriation.
Véritable peinture sociale ponctuée d’humour, de retournements de situations et de personnages bien trempés, Donna Tartt souligne avec maestria, acuité et cruauté les vanités, les fragilités et les espoirs d’une société contemporaine où escrocs, trafiquants d’art, hommes d’affaires et richissimes familles tentent subrepticement de décupler et de préserver leurs acquis. 
Le Chardonneret représente le tableau captivant d’un être trop tôt désabusé, tiraillé entre le bien et le mal, entre la vie et la mort.

Auteure majeure de la littérature américaine, il n’était pas inutile de patienter si longtemps….

Hassina Mimoune

 

Le chardonneret, Donna Tartt, Plon, (2014)

 

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Commentaires (1)

  • silencieuse le 07/02/2014 à 16h49

    Comment un petit tableau, oeuvre très symbolique, va-t-il accompagner un petit garçon dans les quinze années qui vont suivre la perte de sa maman et la fin de l'enfance ? Un récit qui nous fera voyager de New York à Amsterdam en passant par Las Vegas. Et à chaque fois, notre héros, finalement très attachant malgré quelques surprenants traits de caractère, parviendra à tirer son épingle du jeu mais sans pour autant faire son deuil et accepter la perte. C'est juste, c'est bien écrit, c'est presque somptueux !

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