Pourquoi chroniquer le nouveau Fred Vargas alors que ses aficionados l’achèteront, quoi qu’il arrive ?
Parce qu’il est très bon, tout simplement.
Elle a fait peur à ses lecteurs Fred Vargas, en gardant un pesant silence éditorial depuis 2008. Au grand soulagement de ses fans, voici le commissaire Adamsberg de retour, avec son air de rien, sa manie de se mettre en tailleur ou de se retrancher inopinément dans son monde intérieur, et surtout sa cohorte de collègues et d’amis plus barrés les uns que les autres.
Dans L’Armée furieuse (Viviane Hamy), Fred Vargas met en vedette un pigeon blessé, un fils de 28 ans qui a rejoint la galerie des personnages depuis Un lieu incertain, un pyromane innocent, une vieille Normande taiseuse et une palette de morts violentes. Tout cela en ordre rangé sans le moindre soupçon de n’importe quoi, mais au contraire une composition romanesque infiniment subtile.
L’Armée furieuse est une légende ancienne qui terrifie le Calvados depuis le Moyen-Age et qui raconte comment le Seigneur Hellequin vient chercher les malfaisants ou quiconque a des choses bien vilaines à se reprocher pour les emmener avec sa troupe de trépassés. Une histoire de zombie qui ne dit pas son nom, de retour sur le chemin de Bonneval, à Ordebec. N’empêche que pour un esprit terre-à-terre comme celui d’Adamsberg, il s’agit de retrouver un meurtrier bien vivant.
L’aventure commence donc hors de sa circonscription, à laquelle se mêle très vite un crime crapuleux commis dans les hautes sphères industrielles parisiennes. Rien à voir, direz-vous ? Au contraire. Mais il faut entrer dans la lecture de L’Armée furieuse pour que l’histoire prenne tout son sens. Ce qui est loin, très loin de représenter un lourd pensum pour le lecteur.
Karine Papillaud
L’Armée furieuse, Fred Vargas, ed.Viviane Hamy, (2011)
