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La trahison d'Einstein d'Eric-Emmanuel Schmitt

L'homme derrière le savant

La trahison d'Einstein d'Eric-Emmanuel Schmitt

Romans, théâtre, nouvelles, bandes dessinées, Eric-Emmanuel Schmitt est l'un des auteurs les plus lus et les plus joués au monde ! Récompensé du Grand Prix du théâtre par l'Académie française en 2001 pour l'ensemble de son œuvre, il obtient en 2009 le prix des grands espaces littéraires pour son roman Ulysse from Bagdad ; en 2010, le prix Goncourt de la nouvelle pour son recueil Concerto à la mémoire d'un ange et en 2011, le prix du roman historique Prix Agrippa pour La Femme au miroir. Dénominateur commun de cette œuvre pléthorique ? Un discours philosophique, toujours accessible, trame de La trahison d'Einstein, son dernier opus.

 

Entre 1934 et 1945, au bord d'un lac, dans le New Jersey, deux hommes, un vagabond  en habits froissés et Einstein, cheveux hirsutes et pieds nus discutent. Dans cet improbable dialogue les deux hommes s'ouvrent, se livrent et, délivrant leurs questionnements intérieurs, interrogent le lecteur.
"Je n'ai aucun don pour l'indifférence. Le monde ne sera pas détruit par ceux qui commettent le mal, mais par ceux qui le contemplent dans réagir. (...) Les bras croisés se révéleront aussi dangereux que ceux qui se lèvent pour saluer Hitler."

Einstein, a cinquante-cinq ans, la guerre gronde.  Juif allemand, il a décidé de fuir l'Allemagne nazie et trouvé refuge à Princeton, aux États-Unis. En 1939, il écrit à Roosevelt pour l'informer que les Nazis travaillent à obtenir l'arme nucléaire. Le "projet Manhattan" est enclenché, qui aboutira à la bombe A puis à Hiroshima.

Hiroshima dont le vagabond se réjouit, car l'explosion, selon lui, marque la fin de la Seconde guerre mondiale. Un enthousiasme que ne partage pas Einstein qui explique : "Je ne sais pas comment se déroulera la Troisième guerre mondiale, en revanche je suis certain qu'il n'y aura pas foule pour commenter la Quatrième. (…) L'Amérique a gagné la guerre, mais l'humanité a perdu la paix."

Einstein, profondément pacifiste est torturé par ce qu'il observe du monde et le regard tourné vers la lune désespère : "Nos soldats regardent-ils aussi le ciel ? (…) Non, la guerre rend myope et plie les cous. Dans un viseur on ne scrute que la boue."

Cette originale pièce de théâtre philosophique recèle une profondeur de champ qui, partant parfois de l'humour parfois de la poésie interroge avec gravité sur l'existence, l'ordre des priorités et le respect des principes : "Dans tous les domaines, les principes n'ont pas de sens indépendamment de leurs conséquences. L'expérience doit en vérifier la justesse. Ici, en l'occurrence, mes principes conduisent à une conséquence que je ne saurais admettre : le triomphe des nazis."

Un texte émouvant qui humanise celui qui incarne le génie, montrant ses failles et ses blessures  "L'immense savant cache un père minuscule et un mari infinitésimal. (...) J'ai peur d'avoir plus de cerveau que de coeur. (...) J'aime tout le monde mais ai-je jamais aimé précisément quelqu'un ? "

Agathe Bozon

 

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