Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

La Théorie de l’information d'Aurélien Bellanger

Retour vers le futur… un rendez-vous manqué

La Théorie de l’information d'Aurélien Bellanger

 

Il a fait l’ouverture de la rentrée littéraire et c’était sans doute beaucoup pour les jeunes épaules d’un auteur de premier roman. Avec La Théorie de l’information (Gallimard), Aurélien Bellanger écrit l’un des premiers romans sur la génération internet, ou plus exactement sur les débuts de l’aventure télématique française. Tout un programme, mais. On aimerait aimer cette fresque moderne écrite par un admirateur de Houellebecq qui annonce dans la presse avoir voulu écrire un roman balzacien. C’est dire comme l’ambition est grande. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Dans les faits, Aurélien Bellanger s’attache aux pas d’un personnage inspiré de Xavier Niel qui fait ses débuts dans le porno et l’annuaire inversé sur minitel, et qui deviendra le plus grand patron de l’industrie numérique avec la création de Free (renommé « Démon » dans le livre). Mais il lui a été difficile de trancher dans le lard de l’histoire pour dégager le roman. La Théorie de l’information est écartelée entre la restitution d’une époque avec un luxe de détails techniques assez étouffant, et l’itinéraire d’un homme singulier. Le ton du livre surprend : à en croire Aurélien Bellanger, les pionniers du numérique sont des pornographes ou des fous furieux. Une vision pessimiste, cynique, le regard d’un homme du XXe siècle qui, au fond, refuse l’entrée dans la révolution numérique.
 
La déception continue  au long des quelque 500 pages du livre. On attendait d’Aurélien Bellanger, diplômé en philosophie, une analyse de l’époque, un questionnement sur la révolution numérique, une petite fantaisie, un grain de quelque chose. Las ! A partir des années 2000, il plonge le livre dans une science-fiction à la Houellebecq, à travers les délires trans-humanistes de son personnage. Fumeuse, la dernière partie du livre ne dit rien sinon que la fin du monde adviendra par la faute d’un visionnaire du web. On mélange tout, non ?
 
Entre hommage à l’auteur de La Possibilité d’une île, à qui il a d’ailleurs consacré une thèse, et essai historique scolaire, La Théorie de l’information manque d’identité littéraire. Au moins le livre est-il servi par un style fluide qui compense les lourdeurs théoriques, la maladresse romanesque et une construction sans originalité. Il est cependant l’un des témoignages les plus documenté sur les temps modernes, même si on aurait souhaité un peu plus de vigueur et moins de cynisme au sujet de l’une des plus formidables révolutions humaines, où l’intelligence française joue un rôle de premier plan.  
 
Karine Papillaud
 
La théorie de l'information, Aurélien Bellanger, Gallimard, (2012)

À découvrir aussi

Voir plus d'articles "Chronique"