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La légende de l'assassin de Kangni Alem

30 ans après un procès perdu

La légende de l'assassin de Kangni Alem

Kangni Alem, dramaturge, nouvelliste et romancier est lauréat du Grand prix du concours théâtral interafricain et du Grand Prix littéraire d’Afrique noire.

Également professeur de littérature comparée à l'université de  Lomé, il livre dans son dernier opus, La légende de l'assassin, une histoire politique, enracinée à TiBrava, pays-ville imaginaire qui ressemble à s'y méprendre au Togo et qui fût déjà le décor de ses précédents romans et nouvelles.

 

 

 

 



 
Apollinaire vient de prendre sa retraite d'avocat après une carrière glorieuse qui fit de lui un homme riche. Malgré ses soixante-dix ans et ses petits problèmes de santé, il ne se refuse pas certains plaisirs. En rangeant ses papiers et avant de fermer la porte de son cabinet pour une dernière fois, il se souvient avec un humour lucide aussi désabusé que corrosif des débuts de sa carrière, faite de hasards et d'opportunisme, ponctuée de succès mais aussi d'échecs, dont un qui hante sa mémoire, celui  de K.A, dont le seul nom, trente ans plus tard fait encore trembler.

Il avait décapité un jeune imam et été arrêté par les gendarmes. Alors jeune avocat commis d'office, Apollinaire ne sait comment éviter la peine capitale à son client, quand un soir "une loque pétrie de rides" lui remet une lettre écrite par le révérend Hightower qui le prévient : "L'homme que vous allez défendre n'est pas un criminel mais la victime d'un immense enjeu satanique. (…) croyez-moi vous en aurez la preuve si vous acceptez de venir me voir."
Ce qu'il ne fit pas, craignant d'affronter ses démons tout autant que la dictature. Et au terme d'un procès expédié en trois jours, K.A. fut jugé coupable et exécuté.
 
Trente ans plus tard, Apollinaire, qui repense avec culpabilité à cette affaire bâclée et perdue, retourne sur les lieux du crime et de l'exécution, puis part à la rencontre du révérent Hightower qui lui apprend qu'il a épousé la fille de K.A. en secondes noces "J'ai épousé la fille de l'assassin, oui. Et personne ici ne m'a pardonné ce choix."
Commence alors une remontée dans le temps. Une enquête construite comme un polar mystico-engagé et porté par un homme seul, auquel on s'attache. Folklore, sorcellerie, rituels africains et corruption se mêlent, tissant le décor chamarré d'une histoire où fanatisme, manipulation et intolérances se télescopent dans une langue d'une exceptionnelle beauté, qui oscille entre raffinement et rugosité.
 
Remarquons que Kangni Alem porte les mêmes initiales que l'assassin, un signe d'engagement et de prise de parole en sa faveur ? 
 
Agathe Bozon
 

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