
La gifle, troisième roman de Christos Tsiolkas, romancier et scénariste australien d'origine grecque, est le premier à paraître en France.
Récompensé par le Prix du Commonwealth, le Miles Franklin Award et le Prix de l'Association des libraires australiens en Australie, ce roman est rapidement traduit dans quinze langues.
Un succès planétaire à la hauteur du tsunami suscité par une gifle qui aurait pu être aussi banale qu'anodine.
Hector et Aisha, s'affairent aux derniers préparatifs avant l'arrivée des premiers invités, qu'ils ont convié à un barbecue, chez eux, dans la banlieue résidentielle de Melbourne. Ils sont une petite quinzaine à évoluer entre tarama, samosas, bière et cris d'enfants. Un métissage gastronomique, à l'image de la société australienne. Dans cette ambiance festive et cosmopolite, les enfants sont turbulents et les adultes parfois nerveux.
Tout à coup, tout bascule. Harry, cousin d'Hector voit Hugo, enfant-tyran de quatre ans qui jette les télécommandes quand on lui refuse quelque chose, menacer sont fils avec une batte de cricket. Il s'interpose et gifle Hugo.
Et là tout commence. Les parents de l'enfant giflé portent plainte et les amis prennent position : pour certains le geste est anodin, pour d'autres il est presque criminel. Un procès est ouvert.
S'ensuivent alors huit chapitres-portraits des principaux participants au barbecue : Hector d'origine grecque, celui qui reçoit; sa femme la jolie Aisha indienne d'origine; Harry, cousin d'Hector et gifleur; Rosie, mère de l'enfant giflé; Connie, l'adolescente orpheline qui vit chez sa tante; Hanouk la quadra qui refuse d'être mère; Manolis, le père d'Hector et Richie, l'adolescent qui découvre son homosexualité.
Entre révélations, racisme, misogynie, égoïsme, homophobie, adultères et mensonges ordinaires… cette gifle se révèle le catalyseur des jalousies et des tensions sociales. Les amis d'hier se déchirent, se reprochant couleur de peau, origine ou statut social.
Cette étonnante structure narrative polyphonique permet à l'auteur de porter un regard à 360° sur la société australienne. Tolkias livre un roman ciselé, servi par une écriture parfois crue qui décortique les voies d'une décadence annoncée : sexe, drogue, argent, omniprésente télévision, jeu vidéo…
Une gifle qui nous en donne une et on en redemande !
Agathe Bozon
La gifle, Christos Tsiolkas, Belfond, (2011)