
Il était une fois une paysanne peu cultivée, jolie et robuste, qui connaissait à la perfection le secret des plantes de sa Bourgogne natale. Un naturaliste s’éprend un jour de cette incorrigible curieuse et en fait à la fois sa maîtresse et son meilleur acolyte dans l’aventure de la botanique.
Nous sommes au XVIIIe siècle, et Philibert Commerson, le naturaliste en question, est bientôt choisi par Bougainville pour l’accompagner dans son périple maritime autour du monde qui démarre en 1766 et durera trois années. Jeanne Baret ne le quittera pas et embarquera elle aussi sur l’Etoile, sous les traits et l’habit d’un valet, violant ainsi gravement les règles de la loi maritime.
C’est ce piquant passage de l’histoire de France que Michèle Kahn choisit de raconter dans La clandestine du voyage de Bougainville (ed le Passage). Il y a de la romance et de l’Histoire dans ce récit très documenté ; une phrase rythmée, alerte, que n’alourdissent pas les solides connaissances de l’auteur. On y découvre l’aventure botanique, certes, mais aussi les difficiles conditions des voyages de l’époque et la difficile condition féminine dans une société très codifiée. Un roman passionnant, frais et riche à la fois pour un très agréable moment de lecture.
Karine Papillaud